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 Le jour où le soleil ne se lèvera plus sur ton sourire - AW

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Julia R.
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Julia R.


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MessageSujet: Le jour où le soleil ne se lèvera plus sur ton sourire - AW   Le jour où le soleil ne se lèvera plus sur ton sourire - AW Icon_minitimeVen 5 Fév - 17:35

Le jour où le soleil ne se lèvera plus sur ton sourire.

Ma dernière fic ( commencé en Juin quand même;) )arrive prochainement....En attendant, le collage que vous avez peut être déjà pû voir....et une vidéo de présentation en préparation.....

Le jour où le soleil ne se lèvera plus sur ton sourire - AW Le_jou10
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cam
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MessageSujet: Re: Le jour où le soleil ne se lèvera plus sur ton sourire - AW   Le jour où le soleil ne se lèvera plus sur ton sourire - AW Icon_minitimeVen 5 Fév - 17:43

J'ai hâte de la lire Julia !!!
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Corinne
Connaissance de Catherine



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MessageSujet: Re: Le jour où le soleil ne se lèvera plus sur ton sourire - AW   Le jour où le soleil ne se lèvera plus sur ton sourire - AW Icon_minitimeVen 5 Fév - 18:03

Je te la conseille grandement Cam, parce qu'elle est magnifique.

J'adore comme tout ce que Julia écrit d'ailleurs.
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Julia R.
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Julia R.


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MessageSujet: Re: Le jour où le soleil ne se lèvera plus sur ton sourire - AW   Le jour où le soleil ne se lèvera plus sur ton sourire - AW Icon_minitimeSam 6 Fév - 9:04

merci ^^
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Julia R.
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MessageSujet: Re: Le jour où le soleil ne se lèvera plus sur ton sourire - AW   Le jour où le soleil ne se lèvera plus sur ton sourire - AW Icon_minitimeLun 8 Fév - 10:32

voilà la vidéo, j'ai galéré pendant deux heures sur youtube et finalement il n'y avait pas le son, alors la voici sur dailymotion

https://www.dailymotion.com/video/xc5gez_le-jour-où-le-soleil-ne-se-lèvera-p_creation


Dernière édition par Julia R. le Mar 9 Fév - 8:34, édité 2 fois
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cam
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MessageSujet: Re: Le jour où le soleil ne se lèvera plus sur ton sourire - AW   Le jour où le soleil ne se lèvera plus sur ton sourire - AW Icon_minitimeLun 8 Fév - 12:36

Elle est MAGNIFIQUE ta vidéo Julia !!! J'ADORE !!! I love youI love youI love youI love youI love you

BRAVO !!!
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Julia R.
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Julia R.


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MessageSujet: Re: Le jour où le soleil ne se lèvera plus sur ton sourire - AW   Le jour où le soleil ne se lèvera plus sur ton sourire - AW Icon_minitimeSam 13 Fév - 9:30

Merci beaucoup ^^
Voici le début de la fic, bonne lecture.
**************************************************************************
Auteur: Julia R.
Avertissement : Aucun
Catégorie : Drame
Résumé: voir vidéo ^^
Notes: Pour plus de clarté les personnages sont interprétés par leur homologue dans la série.
Disclaimer : La série Army Wives ne m’appartient pas ; elle est la propriété de Katherine Fugate, Mark Gordon, ABC et Lifetime .Je ne fais qu’emprunter les personnages .Je ne touche aucune somme d’argent pour cette histoire.
****************************************************************
24 Juin 2009
Grenier d’une petite ferme
Normandie
France

La jeune femme se trouvait là depuis plusieurs minutes déjà. Elle savait que faire un tel rangement ne serait pas une mince affaire. Sa grand-mère ainsi que ses parents avaient sans cesse fourré tout ce qu’ils n’utilisaient plus dans ce vieux grenier. Et lorsqu’elle s’était proposé d’y mettre de l’ordre, ils s’étaient contentés de lui souhaiter beaucoup de courage et une patience inégalable.
Mais Sarah était déterminée, elle tenait çà de sa grand-mère lui avait on dit. Une femme admirable, forte, fière et au caractère bien trempé. Une femme qu’elle avait côtoyé presque chaque jour de sa vie jusqu’à son décès quinze ans plus tôt. Aujourd’hui encore il lui arrivait de se souvenir de son rire, de ses yeux plein de malice mais aussi de tristesse. Il lui arrivait souvent d’entendre sa voix lui compter sa jeunesse, là-bas de l’autre côté de cet immense océan, en Amérique.
Denise Branch était née aux Etats-Unis et y avaient vécu une bonne partie de sa vie. Sarah n’avait appris que quelques anecdotes sur son passé, sa grand-mère avait toujours été d’un naturel réservé, cependant, la jeune femme savait qu’elle avait toujours caché un lourd secret, un passé remplis de mystères. Même son propre père ne savait que peu de choses sur elle. Ce qui ne faisait qu’augmenter sa curiosité.
Mais ce matin là, elle allait découvrir le plus grand secret sur ses origines, ce que sa grand-mère avait caché là, depuis des années, sachant qu’un jour cette enfant qu’elle aimait tant allait le découvrir.
La jeune femme poussa un carton d’une trentaine d’années lorsque ses yeux se posèrent sur une vieille malle en bois sombre. Elle reposait dans un coin le plus reculé du grenier. Elle la tira vers la lumière et donna un bref coup de main dessus avant d’ouvrir les sangles en métal. Elle ouvrit le couvercle et se pencha pour voir ce qu’il s’y trouvait. Un papier blanc se trouvait sur le dessus, elle l’effleura du bout des doigts et l’ouvrit. Une étincelle illumina ses yeux aussi bleus que l’océan. Une robe blanche reposait là depuis des années. Elle la prit délicatement et la souleva au-dessus d’elle. Cette robe n’avait jamais été portée, elle datait d’une époque que la jeune femme n’avait qu’étudier à l’école, une époque où le monde n’était pas celui qu’elle connaissait, une époque heureusement révolue, où le sang de milliers de soldats et d’innocents avait coulé sur cette terre qui l’avait vu naitre. Cette robe de mariée n’avait jamais été portée, elle en était persuadée, elle avait reposée ici depuis toutes ces années. Sa grand-mère n’avait jamais connu le mariage, pour ca elle n’avait aucun doute, elle avait toujours soigneusement évité le sujet.
Sarah soupira profondément. Elle posa le fabuleux trésor un peu plus loin et se pencha sur la malle à nouveau. Elle devait régler une quantité de choses ces derniers jours, son propre mariage approchait à grand pas, mais elle refusait de fermer cette malle sans y découvrir tous ses secrets. Elle trouva des photos prises avant la guerre mais aussi pendant. Parfois sa grand-mère y apparaissait, d’autre fois elle n’y était pas. Elle sourit largement en voyant cette femme porter l’uniforme d’infirmière et se tenir au bras de blessés souriants. Une photo attira cependant son attention. Elle portait une robe sombre et se tenait au bras d’un officier américain. Tous deux souriaient en regardant l’objectif. L’homme avait passé son bras autour de la taille de la jeune femme, la serrant tendrement contre lui. Cet homme ne semblait pas être un blessé trop heureux de voir une charmante infirmière dans de temps aussi sombres, non, il semblait en parfaite santé et…amoureux. Denise le semblait également. De plus, Sarah remarqua son sourire, il ressemblait à celui de son père. Alors peut être…
La jeune femme reposa cette photo et fouilla avec plus de détermination cherchant par n’importe quel moyen des réponses aux questions qui fourmillaient dans sa tête. Elle mit la main sur un bloc notes, un épais feuillet de presque une centaine de pages.
Elle tourna la couverture déjà bien abimée et lu ce qui se trouvait écrit de la main d’une jeune femme à présent disparue.
Denise Branch-Sherwood
Mai 1945
« Le jour où le soleil ne se lèvera plus sur ton sourire, je mourrais de chagrin, envahi par les ténèbres, car tu es mon unique lueur. »


Il n’y avait rien de plus sur cette page que ce nom, cette date, cette phrase.
Sarah tourna plusieurs feuillets, tous étaient datés, signés, annotés. L’histoire qu’elle n’avait jamais apprise à l’école, au collège, au lycée était écrite dans ce carnet. L’histoire de sa famille, de ses origines et elle avait la chance incroyable de pouvoir la découvrir, la connaitre. Ce jour là, sa grand-mère allait lui révéler ses plus grands secrets, ses plus grandes peurs, ses plus grandes joies mais aussi ses plus grandes souffrances. Dans ce petit grenier, bien caché aux yeux de tous, la jeune femme se trouvait à genoux sur le sol poussiéreux, lisant ces lignes écrites plus de soixante années auparavant.

à suivre.......
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Julia R.
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MessageSujet: Re: Le jour où le soleil ne se lèvera plus sur ton sourire - AW   Le jour où le soleil ne se lèvera plus sur ton sourire - AW Icon_minitimeSam 20 Fév - 16:44

05 Septembre 1941
Base militaire de Fort Marshall
Caroline du Sud
USA
Le soleil domine largement cette journée. Ce matin encore j’ai pu observer l’astre du jour se lever au-dessus de l’Océan. Je me réjouis de le voir enfin, cette nuit a été effrayante une nouvelle fois. J’ai crû ne jamais voir le jour se lever, ne jamais sentir cette douce brise caresser mon visage. Je contemple les quelques nuages traverser le ciel bleu. J’aimerai pouvoir les rejoindre, m’envoler, quitter cet endroit, partir loin. Je reprends pieds dans la réalité, un pas lourd s’approche de moi. Je connais son origine.
-Tu as fini de faire le linge? Me lance mon époux en approchant.
-Oui, dis-je en me tournant vers lui.
-Bien…que fais-tu aujourd’hui?
-Je vais sans doute aller voir Claudia Joy et…
-Encore elle, tu ne devrais pas la côtoyer, elle et ses amies te mettent des idées saugrenues en tête.
-Patrick, ce sont mes amies également.
-Je refuse que tu les revois, tu n’as pas besoin d’elles, gronde t-il en s’approchant un peu plus de moi. Dois-je te le rappeler sans cesse?
-Patrick…
J’essaie de l’apaiser du mieux que je le peux. Il a encore beaucoup trop bu, il n’est que onze heures et la bouteille de bourbon qu’il a ramené hier au soir est déjà vide. Je me plonge dans ce regard qui autrefois était doux et attentionné. Aujourd’hui il est glacial, je ne le reconnais plus.
Il s’approche un peu plus et me prend avec force par les bras. J’étouffe un cri de douleur. Il ne doit pas savoir qu’il me fait mal une fois encore.
-Tu es à moi Denise, n’oublie jamais ça, à moi et à personne d’autre. C’est moi qui t’ai sortit de ta petite campagne, c’est moi qui ai prit soin de toi, je t’ai tout donné…
Je baisse les yeux devant son regard, je n’ai pas la force de lutter, je ne l’ai plus depuis des années déjà. Il m’attire contre lui et me tiens contre son torse fort et puissant. Je sens les larmes couler le long de mes joues. J’ai mal, mon corps tout entier est douloureux, les plaies mal cicatrisées me brûlent, les bleus présents dans mon dos où il a posé ses mains transpercent ma peau comme la lame aiguisée d’un couteau.
Il s’éloigne enfin de moi et me jettes un dernier regard avant de s’en aller sans dire un mot de plus. Les coups ont été évités, nous sommes dehors entre ces maisons en bois dans lesquelles vivent d’autres familles de militaires, il n’ose pas porter la main sur moi, il n’ose pas me jeter à la figure ces mots qui font mal eux aussi. Je me laisse tomber au sol. Je pleure doucement. Il connait le moyen de me faire culpabilisé, de me garder auprès de lui. Je ne peux qu’imaginer ce qu’il a vécu à cette foutue guerre, les horreurs qu’il a pu voir dans les tranchées en Europe. Il en est revenu marqué à vie, et moi aussi. Marquée jusque sur ma peau.
Après quelques temps passés dans cette position, je me relève .Je rentre dans cette maison que je ne quittes que très rarement et où je m’applique à tout y faire briller. Mon époux ne supporte pas la poussière, tout dois toujours être parfaitement bien rangé et briqué à la perfection, alors je m’y atèle, sans cela, les coups tomberont une nouvelle fois. Je prépare le déjeuner. Il entre déjà. Nous mangeons dans un silence quasi-total, puis, il repart rejoindre ses amis. Moi, je reste seule et je l’attends, comme j’en ai l’habitude depuis des mois.
Nous n’avons pas d’enfants, malgré nos nombreuses tentatives nous n’y parvenons pas. Il n’a de cesse de me dire que c’est de ma faute et je commence à le croire. Mais j’y ai réfléchi si souvent et j’arrive toujours à la conclusion; cette situation est une bonne chose. Jamais je ne supporterais de le voir lever la main sur mon enfant. Moi, je peux contenir ses sautes d’humeur, ses paroles blessantes et ses gestes malheureux, mais un petit être sans défense ne le pourrait pas.
L’après-midi est déjà bien entamée lorsque j’entends de petits coups portés à la porte d’entrée. Je m’essuies brièvement les mains encore pleines de farine et je vais ouvrir. Mes amies sont là. Claudia Joy ainsi que Pamela. Je comprends pourquoi Patrick ne les apprécie pas. Elles savent tenir tête à leurs époux, elles sont libres.
Elles me sourirent tendrement et je les invite à entrer.
-Patrick est partit, il ne rentrera que ce soir, entrez.
-Nous avons une personne à te présenter, lance Pamela avant de pénétrer dans la petite maison.
Je regarde derrière elle et je croise le regard d’une jeune femme. Je lui souris tendrement et lui fait signe de rentrer. Elle acquiesce en souriant avant de s’exécuter.
-Je te présente Roxy Leblanc, lance Pamela, elle est nouvelle sur la base.
-Je suis ravie de vous rencontrer, dis-je en lui tendant la main.
-Moi de même Madame Andrews, me répond la jeune femme en serrant ma main.
-Vous voulez boire quelque chose? J’ai de la limonade bien fraîche.
-Volontiers, me répond Claudia Joy.
Je les conduits en silence dans le séjour et je m’éclipse un bref instant dans la cuisine afin de rapporter les boissons. Lorsque je rejoins le salon, je les vois toutes les trois en train de rire. J’aimerai tant pouvoir moi aussi passer d’agréables moments avec mes amies comme elles le font, mais pour moi ces moments sont bien trop rares. Une fois toutes les quatre servit, nous buvons tranquillement tout en bavardant. J’apprends à connaître cette jeune femme, toute nouvelle sur la base et un peu plus jeune que nous toutes. Je me retrouve un peu à son âge, avant que Patrick ne parte au front. Les jours étaient bien plus radieux.
Après quelques temps, elles décident de repartir. Claudia Joy m’aide à remettre un peu d’ordre, elle connait mieux que personne ma délicate situation. Ce n’est que lorsque nous nous trouvons seule à seule dans la cuisine qu’elle entreprends la conversation qui l’avait menée ici.
-Denise, Michael m’a annoncé une nouvelle ce matin.
-Une nouvelle?
-Il sait depuis longtemps comment te traite Patrick…
-Ne parlons pas de ça, dis-je en un soupir.
-Si, si c’est important, insiste mon amie.
Elle me regarde avec intensité, droit dans les yeux avant de reprendre la parole.
-Il va être envoyé à Pearl Harbor.
-Pearl Harbor? Non, il…il refusera.
-Il se sera loin de toi, et loin de tout, ce n’est pas comme si on l’envoyait au front. Pearl est magnifique à cette période de l’année, d’ailleurs tous les marins et soldats n’ont qu’une hâte d’y aller. Michael lui-même regrette de ne pas pouvoir partir de Charleston.
-Tu ne comprends pas Claudia Joy. Patrick ne veut pas partir d’ici, il ne supportera pas cette nouvelle.
-Denise, c’est Pearl Harbor, le coin le plus tranquille au monde, qu’est-ce qui pourrait l’empêcher de partir pour ce paradis?
-Moi…Il refuse de me laisser seule, je suis presque…presque cloitrée dans cette maison, dis-je en regardant autour de moi.
-Il faut qu’il arrête de te faire du mal, me murmure mon amie en approchant, ca ne peut plus durer.
-Je le sais, mais Pearl ,n’est pas la solution.
Je m’éloigne de Claudia Joy et regarde au dehors. Je n’arrive pas à comprendre pourquoi elle insiste, je sais qu’elle a raison, je ne peux plus vivre de cette manière. Patrick me fera du mal jusqu’à la fin, jusqu’à la mort, la mienne.
-L’aimes-tu encore pour le défendre comme tu le fais? Insiste Claudia Joy.
-L’amour n’a rien à voir là-dedans. J’ai perdu mon époux dans une tranchée dans l’Est de la France. Il est mort ce jour là. Cet homme qui vit avec moi, celui qui partage ma vie, n’est pas l’homme que j’ai aimé et que j’ai épousé. Mais c’est un homme qui a beaucoup souffert et qui souffre toujours, il…il ne supporterai pas de partir loin de moi.
-Et toi tu ne survivras pas s’il reste là, me lance Claudia Joy avec colère.
Je me tourne vers elle pour lui faire face. Je sais qu’elle ne veut que le meilleur pour moi, pourtant je n’approuve pas sa décision d’en parler à son époux.
-Michael a déjà transmit son affectation, il partira Denise, je ne veux pas me retrouver face à ton cercueil, il partira dès la semaine prochaine et en attendant…tu viens t’installer chez nous.
-Non, hors de question, je ne pars pas d’ici.
-C’est non négociable.
-Si, justement, je suis encore chez moi, alors, sors d’ici.
Je passe à côté d’elle et me dirige vers l’entrée. J’entends ses pas pressés derrière moi. Elle m’a mise en colère, comment ose-t-elle se comporter de cette manière avec moi?
-Vas-t-en, dis-je en la regardant une nouvelle fois.
-Denise…
-Patrick ne va pas tarder à entrer, je dois préparer le dîner, rentre chez toi Claudia Joy, retrouve ton époux et tes enfants et laisse-moi tranquille.
Elle s’approche de moi un peu plus et pose tendrement sa main sur mon poignet. Je le retire rapidement en étouffant un cri de douleur.
-Denise…soupira la jeune femme en comprenant ce qu’il s’était passé.
-S’il te plait, rentre chez toi, s’il sait que tu étais là ce sera pire encore.
Elle acquiesce et quitte ma maison. Je la regarde emprunter l’allée qui la conduit dans la rue avant qu’elle ne disparaisse derrière la haie que j’essaie de faire pousser depuis des mois déjà. Puis, je rentre et ferme la porte derrière moi. Après quelques temps adossée contre celle-ci, je rejoins la cuisine à nouveau et me mets à préparer le dîner de ce soir. J’espère que mon amie parlera à son époux et qu’il annulera l’ordre de départ de Patrick. Je prie également qu’il ne l’apprenne pas, sinon cette nuit risque d’être encore plus douloureuse que la précédente et peut être que cette fois, je ne verrais pas le soleil se lever.

à suivre.....
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MessageSujet: Re: Le jour où le soleil ne se lèvera plus sur ton sourire - AW   Le jour où le soleil ne se lèvera plus sur ton sourire - AW Icon_minitimeSam 20 Fév - 19:55

J'aime beaucoup le début de ta fic Julia !!! I love yougfsdfdschatongfsdfdsI love you

J'espère que son mari ne lui fera plus de mal !!!

J'ai trop trop hâte de lire la suite !!!
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Julia R.
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MessageSujet: Re: Le jour où le soleil ne se lèvera plus sur ton sourire - AW   Le jour où le soleil ne se lèvera plus sur ton sourire - AW Icon_minitimeVen 26 Fév - 21:39

Merci Cam, voici la suite, bonne lecture

Encore une suite un peu dure, je m'en excuse, d'autant qu'elle plus que la précédente, mais après ca ira^^.


***********************************************************


J’entends la porte d’entrée claquer. Je me trouve bien occupée à préparer le dîner dans notre cuisine, mais pourtant je l’entends distinctement. Cela ne me dit rien qui vaille. Lorsque mon époux claque la porte de cette manière, cela signifie qu’il a passé une mauvaise journée ou qu’il est encore une fois ivre. Mais quoique se soit, je sais que pour moi cette nuit va être douloureuse, jusqu’au moment où il finira par s’endormir et que je regagnerais la salle de bains pour me soigner…et pleurer.
Je ne tarde pas à savoir, qu’en effet, il s’est passé quelque chose cette après midi. Le voici qu’il entre dans la pièce et me lance un regard noir.
-Le repas n’est pas encore fini?
-Si, dis-je timidement, assieds-toi, tout est prêt, je t’ai même fait une tarte aux pommes.
Je lui souris tendrement mais il ne répond pas. Il me jette un dernier regard et s’assoit en silence. Alors je le sers, je me sers également et je m’assoie en face de lui. Il n’a pas bu, je ne sens que l’odeur de fumée sur lui, mais pas d’alcool, je suis soulagée. Nous mangeons tranquillement. Je ne lui pose aucune question, je sais qu’il vaut mieux que je ne le fasse pas. Mon époux se contente de manger sans même me regarder. Même s’il ne dit rien, je sais que quelque chose le tracasse. J’espère de tout cœur que ce n’est pas l’annonce que m’a faite Claudia Joy cette après-midi. Je connais son comportement, le fait qu’il reste silencieux signifie qu’il rumine quelque chose, une chose que je ne vais pas tarder à connaître. Il cherche simplement ses mots, ceux qui feront le plus mal.
Après avoir terminé le repas, je débarrasse la table et je lui apporte la tarte que j’ai faite avant que mes amies ne viennent, cette après-midi même.
-Denise, murmura-t-il sans lever les yeux vers moi.
Je le regarde avec intérêt, mais toujours en silence de peur de faire une bêtise qui me vaudra sa colère. Je le vois serrer les poings et son regard s’assombrit. Je tremble. Qu’ais-je fais, ou n’ai pas fait cette fois?
-Je vais partir à Pearl Harbor, dit-il avec calme en me regardant enfin.
Je le savais, ce que je redoutais était sur le point de se passer. Je dois garder mon calme, essayer de faire taire ces tremblements qui commencent à me gagner de la tête aux pieds.
-P…Pearl Harbor? Mais…chéri, pourquoi, tu…
-Holden, m’y envoie.
-Pour quelle raison doit-il le faire?
-Je suis sûre que tu connais la raison.
Il se lève et s’approche doucement de moi. J’ai peur, peur comme jamais je n’ai eu peur auparavant. Parce que toutes les autres fois où il a levé la main sur moi je savais qu’au fond je connaissais cet homme. Mais ce soir, je ne le reconnais plus, il n’y a plus rien dans son regard que de la colère, je dirais même de la haine.
-Je t’assure je…
Il me prend violement les poignets et les serres avec force.
-Patrick, arrêtes, je t’en prie, dis-je dans un sanglot de douleur.
-C’est de ta faute, dis-le, dis-moi que c’est toi qui est allé le voir. Dis-moi, Denise que tu as parlé à ta grande amie. Tu voulais que je partes d’ici, pour que tu puisse faire n’importe quoi, je le sais, je te connais.
-Nooon, je t’assure que je n’ai rien fait.
-Ne me mens pas, cri-t-il à quelques centimètres de mon visage. Tu n’es qu’une garce, crois-tu que je ne savais pas ce qu’il se passait ici pendant que j’étais en Europe?
-Je ne sais pas de quoi tu parle, je te l’ai déjà dis, il ne se passait rien ici.
-Menteuse, fit-il plus fort avant que je ne sente sa main entrer en contact avec ma joue.
Sous la force du coup je me retrouve à terre, je sens le sang dans ma bouche. Ma lèvre est ouverte. J’approche mes doigts de mon visage et j’essuie le sang qui y coule doucement.
-Mais tu sais, je n’irais pas seul à Pearl Harbor, tu viendras avec moi, murmure-t-il en se penchant sur moi, il est hors de question que je laisse ma chère et tendre épouse ici, toute seule.
-Tu n’as pas le droit, dis-je en me relevant, m’appuyant sur le plan de travail.
-Pas le droit? Lança-t-il en riant. Ce n’est certainement pas toi qui a à me dire ce que j’ai le droit de faire ou pas.
-Patrick, nous ne sommes pas en guerre, Pearl est…
-La ferme, crie-t-il une nouvelle fois avant que sa main ne s’abatte sur moi à nouveau.
Je me retiens au plan de travail, je ne dois pas m’effondrer, je dois résister, cette fois je ne dois pas le laisser me frapper jusqu’à presque l’évanouissement. Pas cette fois…
-Tu va la fermer, oui, dit-il en frappant encore, c’est de ta faute, ta faute…Je ne partirais pas, nous allons quitter Fort Marshall tous les deux, nous irons trouver une ville loin d’ici.
-Tu ne peux pas, dis-je entre deux sanglots.
-Je peux tout faire, chérie, dit-il sur mes lèvres en serrant ses doigts sur mon cou, tu es à moi, n’oublie pas.
Je suffoque, il veut me tuer, je le sais, je le vois dans ses yeux. Aujourd’hui il le veut vraiment, j’en suis certaine. Alors que ses yeux se plongent dans les miens, je le sens desserrer ses doigts. La colère ne s’apaise pas pour autant. Je reprends mon souffle et il s’éloigne un peu de moi. En quelques secondes, il renverse la table, faisant voler dans la pièce ce qui s’y trouvait posé. Je vois le couteau tomber à quelques centimètres de moi, je ne le quittes pas des yeux. Si mon époux se tourne vers moi et me refait du mal, je le ferais, je n’aurais pas d’autre choix. Il se passe quelques secondes où Patrick reste immobile puis, il me regarde à nouveau.
-Ils ne me laisseront jamais tranquille, la seule solution pour qu’on soit ensemble…
Je suis son regard qui se pose sur le couteau. J’espère me tromper, il va le faire, il n’y a plus aucun doute. Je sens la peur m’envahir un peu plus. Ce soir, tout est fini. Je vais lui échapper, ne plus souffrir sous ses coups et ses insultes, je vais m’échapper de cet enfer et c’est lui qui me délivrera.
Il se baisse et se saisit du couteau. Il le pointe vers moi. Je vois les larmes faire leurs apparitions dans ses yeux. Je n’arrive pas à bouger, je souhaiterais de tout cœur pouvoir fuir, mais je n’arrive pas à faire le moindre geste, je suis paralysée.
-Nous ne nous quitterons plus jamais, murmure-t-il.
-Ne fais pas ça, je t’en prie, Patrick.
-C’est trop tard, tu m’as trahi et à présent, tu vas en payer le prix.
Seulement, je ne compte pas le laisser faire. Je dois me battre, même si l’issue semble fatale, je me dois de me battre, parce que je me suis toujours battue…avant.
Je le pousse violement et je me dégage de son emprise. La haine refait surface alors qu’il s’était un peu calmé. Je me jettes sur un tiroir dans lequel je range les autres couteaux de cuisine. Je sens une main m’agripper à la taille avant que la lame ne me coupe dans le dos. Je me tors de douleur alors que mon époux continue de hurler des paroles blessantes. Je tombe sur le sol froid. Il ne se passe que quelques secondes avant qu’il ne m’empoigne par les cheveux et ne m’oblige à le regarder.
-Je t’aime, Denise, dit-il avant que le couteau ne s’abatte sur moi.
Mais il n’a pas vu que moi-même j’en avais saisit un autre. Et avant de sentir la lame d’acier dans ma peau, je le frappe à mon tour, en pleine poitrine. Je croise son regard d’incompréhension. En une seconde à peine, il lâche le couteau et se laisse tomber. Je sens son poids sur mon propre corps. Je le repousse doucement, toujours le souffle coupé par ce que je venais de faire.
Il est à terre, couvert de sang. Ses yeux se posent sur moi encore une fois.
-Tu es libre, c’est-ce que tu voulais, murmure-t-il à bout de souffle avant de fermer les yeux.
Je vois la tâche de sang se faire plus grande sur sa poitrine, je l’ai frappé en plein cœur. Je l’ai tué, j’ai tué cet homme qui me faisait du mal depuis si longtemps, j’ai tué mon époux. Je pleure comme je n’ai jamais pleuré. J’ai l’impression d’être le pire des monstres, j’aurais dû le comprendre, l’aider à aller mieux, après tout ce qu’il a vécu, il ne méritait pas cette vie. Je m’en veux, je m’en veux tellement.
Pourtant, mon corps tout entier me fait mal, le sang continue de couler dans mon dos et sur mon visage. Cette maison qui devait rester toujours propre et parfaitement bien rangée est tellement en désordre. Le sang recouvre le sol de notre cuisine, des traces sont bien visibles sur le plan de travail, la table est renversée, la vaisselle est cassée. Je me trouve toujours adossée contre le meuble de rangement blanc en bois, tenant le couteau responsable de la mort de mon époux, pleurant à chaudes larmes. Que va-t-il m’arriver à présent? Que dois-je faire? Je n’ai qu’une envie, tourner cette arme vers moi et l’enfoncer dans mon cœur également. Il avait raison je suis libre, je n’aurais plus à vivre dans la peur et pourtant, je me sens si mal. Je n’arrive pas à détacher mon regard de son corps couvert de sang. Une quantité de souvenirs refait surface. Le jour où je l’ai rencontré pour la première fois, notre premier rendez-vous, sa demande en mariage, nos noces, je me rappelle de tous ces bons souvenirs et je me sens encore plus mal. Mais en voyant cet homme baignant dans son sang et le mien à quelques centimètres de moi, je me souviens également de son départ pour l’Europe, de son absence, de son retour et de l’enfer qui l’en suivit. Je revois la haine dans ses yeux, sa main s’abatant sur mon visage, les nuits où il à goûté mon corps alors que je ne le souhaitais pas.
J’essaie de me calmer, d’oublier tout ça et tout ce qu’il vient de se passer. Pourtant, je ne bouge pas et je continue de pleurer. Je ne sais pas combien de temps s’est écoulé depuis que Patrick s’est écroulé. J’entends la porte d’entrée s’ouvrir. Je suis prise de panique une nouvelle fois, que va-t-il m’arriver à présent? Les voisins ont dû entendre nos cris, ils ont dû appeler la police militaire.
Je n’ai pas le temps de me poser davantage de questions. Une femme entre dans la pièce en courant. Elle s’arrête un instant, regardant autour d’elle l’état dans lequel se trouve l‘environnement qui m‘entoure. Ses yeux se posent sur Patrick avant qu’elle ne se tourne vers moi. Claudia Joy émet un soupir de soulagement et se précipite sur moi.
-Denise, murmure-t-elle en s’approchant.
-Ne touchez à rien, lance un homme entrant aussi.
Elle s’arrête à quelques centimètres.
-Je suis désolée, dis-je en sanglotant, je ne voulais pas…je…il a voulu me tuer.
-Calme toi, me lance tendrement Claudia Joy, vous voyez bien qu’elle est terrorisée, dit-elle avant de s’agenouiller et de me prendre contre elle, je te demande pardon, c’est de ma faute, murmure-t-elle au creux de mon oreille.
Je lâche le couteau que je tenais toujours et je me blottis contre mon amie. L’endroit où elle a posé ses mains me fait mal mais je ne proteste pas, je me sens en sécurité. Je ferme les yeux et je me blottis encore un peu plus contre elle pendant de longues minutes. J’entends les hommes parler un peu plus loin, mais je n’écoute pas leurs paroles. La police finit par partir.
« Homicide en état de légitime défense »
C’est tout ce que j’ai pu entendre avant que Claudia Joy ne m’aide à me lever. Je salue brièvement Michael qui se tient sur le pas de la porte avant de suivre mon amie à l’extérieur. Une ambulance est là, prête à me soigner mais une housse mortuaire se trouve à côté. Des hommes l’emmène à l’intérieur alors que d’autres me donne les premiers traitements. J’ai l’impression d’être dans une bulle, que tout ceci n’est pas réel.
Après quelques minutes, mes amis reviennent. Ils me proposent de m’installer chez eux quelques temps. J’accepte à contre cœur, je sais que pour eux, vivre avec une meurtrière ne sera pas une bonne chose mais pour l’instant, je ne peux pas vivre seule, la solitude me fait beaucoup trop peur.
Claudia Joy ne me quitte pas un seul instant, gardant sa main sur la mienne. Michael quant à lui, doit encore rester pour tout arranger, son statut de Commandant l‘y force et d‘un côté je l’avoue que je suis soulagée qu‘il soit également mon ami, sans cela peut être n‘aurais-je pas le droit à autant de clémence.
Claudia Joy me fait quitter ces lieux. Et après un dernier regard accorder à cette maison où j’ai vécu des moments heureux mais aussi terribles, nous marchons dans la rue jusque chez elle. Sur le chemin nous rencontrons d’autres femmes, d’autres militaires, qui, j’en suis certaine, ne tarderont pas à parler de ce qu’il s’est passé. Les rumeurs iront bon train dès demain matin sur la base. Et moi, je ne chasserais pas ces images douloureuses de mon époux baignant dans son sang. Je sais que cette image, comme celles que lui à pu voir en Europe, ne me quittera jamais, j’espère simplement pouvoir vivre avec.


à suivre...................
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MessageSujet: Re: Le jour où le soleil ne se lèvera plus sur ton sourire - AW   Le jour où le soleil ne se lèvera plus sur ton sourire - AW Icon_minitimeVen 5 Mar - 19:18

23 Octobre 1941
Base militaire de Fort Marshall
Caroline du Sud
USA
Voilà près d’un mois que je vis chez mon amie et son époux. Les choses ne se sont pas améliorées pour autant. J’ose à peine quitter l’intérieur, je me contente de passer quelques heures dans le jardin spacieux et arboré qui entoure la maison. Il m’arrive cependant de surprendre des regards noirs dans la rue un peu plus loin. J’ai entendu une conversation à mon sujet il y a de cela une semaine lorsque j’avais accompagné Claudia Joy au marché. On parlait de moi, de mon « crime horrible » celui qui reste dans les esprits de toutes et de tous. Une femme de sous-officier qui tue sauvagement son époux dans un excès de colère, de jalousie, un crime d’intérêt.
Claudia Joy a senti mon trouble, elle est la seule qui connait la vérité, mais pour autant, je lui ai demandé de ne rien en faire. Les commérages me touchent, la méchanceté et l’ignorance des autres me glacent le sang et me donne l’envie d’hurler. Mais pourtant, je me tais, je reste silencieuse, comme je l’ai été depuis des années. Les choses n ‘ont pas tant changées finalement. Les bleus et les coupures présents sur mon corps disparaissent peu à peu, certaines cicatrices persistes, d’autres ne se voient même plus. Pourtant, mon cœur lui, ne cesse de saigner de chagrin. Tristesse de n’avoir pu sauver cet homme qui m’avait tant donné par le passé, remords de n’avoir pas pu prendre une autre décision, douleur d’être traité comme une criminelle.
J’ai peur également que la réputation de mes amis en pâtissent. Ils sont attentionnés avec moi, je ne voudrais pour rien au monde que leur gentillesse ne se retourne contre eux. Cette triste histoire a bien fait souffrir trop de monde, je ne souhaite pas qu’elle les accable davantage. Même s’ils me disent de ne pas m’en inquiéter, la réalité est toute autre. J’ai décidé de changer les choses, de toute manière le protocole ne me permet pas de rester habiter chez eux indéfiniment. Et j’ai besoin de quitter tout ça. J’ai envie de quitter la base, la ville, la Caroline du Sud, les Etats-Unis, pourquoi pas? J’ai envie de quitter cette vie.
Je soupire bruyamment en refermant le livre que je lis depuis le début de cette après-midi, assise dans cette balancelle en bois sous le grand Saul pleureur. Je mets ma tête en arrière pour soulager ma nuque. Je retire la pince en métal qui retenait mes cheveux et je les laissent tomber dans mon dos. Les larges boucles se balancent au souffle léger du vent. Je souris timidement, je me rappelle la fois où nous étions en balade à cheval avec Patrick. Nous nous étions perdus en forêt, du moins, c’est-ce qu’il m’avait fait croire et nous avions passé la nuit au bord d’un lac. Je me souviendrais toute ma vie de cet instant. C’était un bon moment, un de mes meilleurs souvenirs passé avec lui. Je n’oublierais la manière dont il a détaché mes cheveux, dont ses doigts ont glissés entre les mèches sombres. Cette nuit avait sans doute été la plus magique de ma vie, bien loin de toutes les autres que nous avons vécu depuis son retour du front.
Je ferme les yeux un instant. Je me dois de ne plus penser à tous ça. Je dois tenter d’oublier. Oublier pour ne pas souffrir, encore, toujours.
Je me redresse, je dois me reprendre en main après tout, j’ai toujours été combative, j’ai simplement oublié mon indépendance et cette rage de vivre que j’éprouvais étant jeune. Je dois reprendre ma vie en main. J’y réfléchis depuis ce terrible accident. J’ai pris ma décision. Encore quelques mois ici et ensuite je partirais, pour toujours. Il faut seulement que je trouve un petit logement en ville et que je suive les cours d’infirmières. Ce métier me convient, alors pourquoi ne pas tenter? Je l’ai voulu depuis longtemps déjà, c’est le moment, maintenant ou jamais. Je me lève, comme poussé par un élan de vie. Je prends le livre que j’avais posé à côté de moi peu de temps avant et je regagne la grande maison vide, mon amie est sortie.
Je regagne la cuisine, je vais leur préparer le souper. C’est tout ce que je peux faire pour les remercier de leur hospitalité. Je suis dans la cuisine depuis une bonne heure déjà. Tout mijote tranquillement. Je me dirige vers le poste de radio.
Encore des mauvaises nouvelles. L’Europe est sans dessus-dessous. Cela ne cessera donc jamais? N’auront-ils jamais fini ces massacres? Auront-ils un jour assez de voir leurs semblables souffrir et mourir?
Si je pouvais faire cesser toutes ces atrocités, je le ferais dans la seconde, je ne sais que trop au combien on souffre lorsque nous sommes des spectateurs impuissants face aux ravages de la guerre. Notre pays n’est pas en guerre, il la refuse, cependant, je ne peux m’empêcher de penser à tous ces malheureux de l’autres côté de l’Atlantique. Si je le pouvais je partirais, sur le champ. Ils doivent avoir besoin de monde pour soutenir les troupes, les soigner, leur prêter main forte. Je suis américaine, mais je sais que tôt ou tard, nous seront tous concernés par cette guerre, qu’on le souhaite ou non, qu’on ferme les yeux ou qu’on suivent tout à la radio ou au cinéma. Nous nous devons d’être concernés, par un côté comme par un autre. Alors, j’ai pris ma décision, je vais suivre les cours à l’hôpital, je vais devenir infirmière, m’engager peut être. Etre là ou l’on a besoin de moi, faire bouger les choses.
A la fin de notre repas, Amanda et Emmalin, les jeunes filles de mes amis vont se coucher. Michael rejoint son bureau et Claudia Joy, la cuisine. J’aide à débarrasser et à faire un peu d’ordre. En silence, toujours en silence, parce que je ne sais pas comment lui annoncer cette nouvelle. Je sais que mon amie tient à moi. Lui avouer que j’ai n’ai qu’une envie; de quitter cet endroit synonyme en majeure partie de malheurs, me fait peur. Je sais qu’elle aura du mal à approuver ma décision de tout quitter. Du moins, de quitter mes amis, car il n’y à plus rien d’autre ici qu’eux. Je n’ai plus rien à perdre, plus rien à y gagner.
-Denise, murmure Claudia Joy à côté de moi.
Je me tourne vers elle et lui lance un timide sourire, essayant ainsi vainement d’effacer le trouble qui m’envahit.
-Quelque chose ne va pas? Tu n’as pas ouvert la bouche de toute la soirée. S’est-il passé quelque chose cette après-midi?
-Non, non rien.
-Denise, je te connais par cœur, je sais quand tu me cache quelque chose.
-Qu’est-ce qui te fait croire ça? Peut être ne me connais tu pas aussi bien que tu le crois.
-Très bien, soupire mon amie, mais oses me dire le contraire, droit dans les yeux.
Je ferme les yeux quelques instants, quittant ainsi son regard. Elle me connait dans les moindres détails, elle a parfaitement raison, je ne peux rien lui cacher.
-Je vais quitter Charleston, dis-je en la regardant à nouveau. Je vais apprendre un métier, et je vais vivre seule à nouveau, dans ma propre maison. Parce qu’ ici, je ne le pourrais pas.
-Que vas-tu faire? Et où comptes-tu t’installer?
-Je ne sais pas encore où, mais je compte devenir infirmière.
-Infirmière? Mais Denise tu ne peux pas.
-Pourquoi ne le pourrais-je pas? Tu ne m’en crois pas capable? Ne suis-je donc qu’une bonne à rien? C’est ça que tu sous entends?
-Je ne suis pas Patrick, murmura mon amie en me prenant par les épaules, jamais, tu m’entends, jamais je ne dirais une telle chose de ta part. Je suis étonnée voilà tout. Et j’ai peur pour toi. C’est une chose de vouloir tout laisser derrière soi, mais une autre de se trouver seule, à chaque minute.
-J’ai besoin de respirer, ici, j’ai l’impression de mourir, Claudia Joy. Je ne veux pas que vous en fassiez plus pour moi que ce que vous avez déjà fait, toi et Michael. Je n’oublierais jamais tous ces efforts et je vous en remercie à chaque seconde, cependant, c’est une mauvaise chose que de rester ici. Pour vous, comme pour moi.
-Que racontes-tu là?
-Je sais ce que les gens disent de moi sur la base, c’est une mauvaise chose pour vous de me côtoyer.
-Denise a raison, lança Michael en entrant, je suis navré de le confirmer mais c’est vrai. Le climat au sein de mon commandement est plus que mauvais, et les hommes ne tiennent plus compte de mon statut. Même s’ils respectent mon grade par peur de représailles, je ne te dirais pas les choses que j’entends dans mon dos. Je suis vraiment désolée Denise.
-Ne t’en fais pas, soupirais-je en souriant, je le comprends parfaitement. J’en ai pris conscience et c’est pour cette raison que j’ai décidé de partir, peut être à New York, j’ai toujours rêvé d’y aller.
-New York? Lance Claudia Joy. Denise…je t’en prie.
-Fais-moi confiance, tout ira bien, je suis une grande fille. Je sais que je pourrais toujours compter sur mes amis ici, il y a toujours le courrier postal. Nous nous écrirons, je pourrais avoir des nouvelles de tout le monde et je vous en donnerais de moi également.
-Ta décision est prise? Il n’y a aucun moyen de te faire changer d’avis?
-Non, je suis navrée Claudia Joy, je ne reviendrais pas là-dessus.
Je la vois s’éloigner de moi et regarder au sol un instant. Elle croit que je n’ai pas remarqué les larmes qui se cachaient au fond de ses yeux. Elle espère que je ne la vois pas dévaler sa joue à présent.
-Quand pars-tu?
-Lorsque j’aurais trouvé un moyen de me loger avec le peu d’économie qui me restent et lorsque je pourrais suivre ma formation. Je pense que dans un mois, peut être deux, tout devrait être réglé.
-Très bien, nous avons encore deux mois dans ce cas, dit-elle en levant les yeux vers moi et en me souriant tendrement.
-Oui, dis-je en acquiesçant.
Elle me sourit de plus belle et essuie brièvement les larmes sur ses joues. Puis, elle quitte la pièce, sans ajouter un mot de plus. Je croise le regard de Michael qui se tient un peu plus loin. Il me sourit.
-Tu as pris la bonne décision, me murmure-t-il.
-Je l’espère de tout cœur.
Il m’adresse un dernier signe de tête et quitte la cuisine afin de trouver son épouse. Je passe machinalement ma main sur mon front. Partir à New York n’a jamais été une idée concrète pour moi. Cela était toujours un rêve d’aventure plus qu’autre chose. Mais lorsque j’ai fait la liste des endroits où j’aurais voulu vivre, New York est apparu en tête de liste. Plutôt en deuxième position, après la France, mais là, ce rêve n’est bien qu’un rêve.


à suivre...............
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MessageSujet: Re: Le jour où le soleil ne se lèvera plus sur ton sourire - AW   Le jour où le soleil ne se lèvera plus sur ton sourire - AW Icon_minitimeVen 12 Mar - 19:22

10 Décembre 1941
Gare de Charleston
Caroline du Sud
USA
Nous venons d’arriver à la gare centrale. Dans moins d’une heure je m’en irais, je quitterais pour toujours cette ville où j’ai vécu près de quinze ans. Je quittes cette vie, mes souvenirs, mes amies. Elles sont venues me saluer. Claudia Joy, Pamela et Roxy avec qui je m’entends très bien depuis son arrivée sur la base. Michael n’est pas venu me dire adieu, il l’a fait ce matin avant que nous montions en voiture pour venir en ville. La base est en effervescence, il y a trois jours de cela la guerre nous a touché, violement, précipitamment. Pearl Harbor a été attaquée. Pour nous tous cette petite île du ¨Pacifique était synonyme de paradis il y a de cela encore quelques semaines, chaque marin, pilote et Marin’s rêvait d’y séjourner. Mais la guerre est arrivée, les Japonais ont attaqué et ce paradis est devenu un enfer. On ne compte plus les blessés, les morts et les portés disparus qui hantent le fond du port où toute l’armada était stationnée. La nouvelle avait été répandue comme une trainée de poudre, l’Amérique entrait en guerre. Nous y voilà, les soldats encore dans le pays sont appelés à aller au front. Roxy tremble de devoir laisser partir son époux, il aura encore cependant deux mois ici pour parfaire sont entraînement, puis, il partira en Europe sans doute. Michael, lui restera ici, sa position ne lui permet pas d’aller au front. Claudia Joy est soulagée, mais son époux au contraire admet mal cette situation. Chase, l’époux de Pamela part pour le Pacifique plusieurs semaines. Il est médecin et plutôt doué, ils ont besoin de lui.
Pour moi ce sera New York, je vais en avoir du travail, tous ces jeunes appelés à qui il faudra faire les visites médicales et les soldats qu’il faudra examiner avant peut être, le front, quelque part en Europe ou en Asie.
Nous nous trouvons dans le grand hall de la gare. Mes amies se tiennent timidement devant moi, ne sachant comment réagir face à la situation. Elles sont tristes je le vois bien, mais elles savent contenir les larmes. Chacune d’elle tient fermement son sac devant elle, je souris un instant en voyant les mains habillées de gants noir, rouge et blanc tenant fermement les lanières en cuir.
-Bon eh bien, il va falloir que je me décide à y aller, le train ne va pas m’attendre.
Je leur souris avant de faire un pas vers elle.
-Tu as tout ce qu’il te faut?
-Oui Pamela, j’en ai bien plus qu’il ne m’en faut grâce aux cookies de Claudia Joy.
-J’aurais voulu en faire, mais tu sais à quel point ils sont abominables, dit-elle en riant.
-Oh oui, je le sais, dis-je sur le même ton, ne t’en fais pas, le livre que tu m’as donné pour le voyage est déjà un cadeau bien suffisant.
-Je ne sais pas si tu auras le temps de faire un peu de point de croix, me lance timidement Roxy.
-Je trouverais bien le temps, et puis je vous écrirais bien sûr, lorsque j’aurais l’adresse de mon logement à New York j’en ferai de même. L’institut est situé près de Broadway vous vous rendez compte?
-Ne deviens pas une danseuse sans nous prévenir, lance Pamela en souriant.
-Ne vous en faites pas, je n’ai pas envie de faire une carrière d’artiste, pas avec ce que le monde vit aujourd’hui.
-Pourtant, je suis certaine que le monde perdra une danseuse talentueuse, belle comme tu es, tu en aurais fait chaviré des cœurs.
-Je t’en prie, dis-je en rougissant doucement, je n’ai pas envie de faire chavirer les cœurs, ma vie future sera consacré aux autres, je serais une nonne.
Nous rions toutes les quatre avant que le silence pesant ne retombe. Autour de nous le monde s’agite mais nous ne sommes pas pris dans cet élan. J’entends pourtant une voix dans le haut parleur annoncer l’arrivée de mon train, je dois vraiment me dépêcher si je ne veux pas le manquer.
-Fais attention à toi, me lance Claudia Joy avant de me prendre dans ses bras. Et n’oublie pas que nous seront toujours là si tu en as besoin.
-Je n’oublierais jamais, dis-je en m’éloignant un peu.
Nous nous étreignons toutes les quatre, sans même nous soucier du monde qui nous regarde étrangement. J’ai l’impression de laisser une partie de mon cœur ici avec elles, elles étaient ma famille. Ma vie. Je ferme les yeux. Je sens les larmes couler, moi qui voulais être forte, et bien voilà qui est raté. Je me blottis un peu plus contre elles. Il faut que je me reprenne, le train, le départ, maintenant.
Je m’éloigne et leur adresse un dernier sourire puis, je prends ma valise et je me dirige vers le quai. Sans me retourner, surtout ne jamais se retourner, jamais. Le train est déjà en place, je me dirige vers un wagon, j’essaie péniblement d’hisser ma valise par la porte étroite. Mais, non, aucun moyen de l’y faire entrer, elle est bien trop lourde. Je soupire bruyamment, regardant aux alentours si ne se trouve pas un cheminot qui pourrait me prêter main forte. Mais non, personne, le quai est bondé et cependant aucune âme charitable ne vient me donner un coup de main.
-Madame, avez-vous besoin d’aide?
Je sursaute. Je me tourne vers l’homme qui m’a interpellé. Il a fière allure dans son uniforme de Major. Le sourire qu’il me lance est doux et amical. Il a la stature carrée, bien qu’étant de ma taille. Ses yeux bleus me fixent intensément, ses cheveux blonds reflètent les rayons du soleil.
-Je euh…oui, j’aimerai vraiment entrer cette valise, pourriez-vous m’aider?
-Oui, laissez-moi faire.
Je m’éloigne un peu pour le laisser faire. C’est avec facilité qu’il la porte dans le train, je le suis et je lui indique mon compartiment et ma place. Il me sourit en plaçant ma valise à côté de mon siège.
-Je vous remercie Major, dis-je en souriant avant de m’asseoir.
-Je vous en prie, faites bon voyage Madame.
-Vous de même.
-Pour ma part, j’en viens, je vais passer quelques mois ici afin de former des soldats. Vous connaissez peut être la base de Fort Marshall?
-Oui, tout le monde ici la connaît.
-Si jamais vous revenez à Charleston, je serais ravi de continuer cette conversation avec vous, dit-il en prenant ma main pour y déposer un baiser, mais je vais hélas devoir vous laisser, le train va partir.
-Bien, je doute revenir ici un jour, mais si tel est le cas, j’essaierai de me souvenir de votre offre.
Il me sourit et s’éloigne vers la porte.
-Vous n’aurez qu’à demander le Major Frank Sherwood, dit-il en me faisant un clin d’œil avant de s’éclipser.
Je ris doucement en repensant à l’audace avec laquelle il m’a fait la cour. Car c’est ce qu’il a fait, je ne me trompe pas.
Les portes se ferment, le train s’emballe. Je repose mes mains sur les cuisses et je regarde dehors. Les gens se pressent pour saluer ceux qui partent. Sur le quai, je croise le regard bleu de ce Major. Il adresse un bref signe de la main ainsi qu’un doux sourire. Me les avaient-ils adressé à moi ou à une autre personne présente dans un compartiment voisin? Je l’ignore et dans le fond, je ne veux pas le savoir.


à suivre ..............
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MessageSujet: Re: Le jour où le soleil ne se lèvera plus sur ton sourire - AW   Le jour où le soleil ne se lèvera plus sur ton sourire - AW Icon_minitimeVen 19 Mar - 10:13

voici la suite

Le nom de l'institut est TOTALEMENT ARBITRAIRE , mdr, vous le croyez????

Bonne lecture

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03 Janvier 1942
Institut Sainte Catherine
New York
USA

Nous voici un peu après la nouvelle année. Je me trouve dans ma petite chambre de l’institut. Il neige à New York. Il ne cesse d’y neiger depuis plusieurs jours, depuis bien plus d’une semaine. Les rues en deviennent presque impraticables. Ce temps me change de la Caroline du Sud, ou je n’ai jamais connue de Noel blanc. Ici, au contraire, tout est blanc. Je me suis rendue au Rockefeller Center le soir du réveillon, pour admirer le sapin le plus grand d’Amérique, décoré. Ce fut un spectacle incroyable, jamais je n’aurais pu penser voir un spectacle aussi beau. Depuis que je vis ici, j’occupe tout mon temps libre à visiter cette ville que je me prends à aimer de tout cœur. Lorsque nous terminons nos longues journées à l’institut ou à l’hôpital qu’il faut rejoindre en taxi, je me laisse tomber sur ce petit lit confortable. Je prends de quoi écrire et je raconte tout ce que je vois, fais et découvre à mes amies. Elles ne doivent pas me croire tant cela semble invraisemblable. Et pourtant, ceci est bien ma réalité à présent. Je respire, je vis. Même s’il m’arrive d’être extenuée et découragée, je suis heureuse. Je prends soin des malades, depuis peu, et j’aime le faire. Je suis également amie avec une jeune femme qui se trouve dans le même institut, la chambre à côté de la mienne. Nous sommes plusieurs femmes à nous côtoyer chaque jour, mais j’avoue que Jenny est un peu différente des autres. Elle est bien plus jeune que moi et je la considère comme ma petite sœur. Jenny est toujours de bonne humeur, elle me donne le sourire lorsque je me surprends à être mélancolique. Cette jeune femme à peine âgé de vingt-cinq ans a grandit ici, à New York. Elle est absente quelques jours, passant ces fêtes de fin d’année avec sa famille. Elle m’a proposé de se joindre à eux, mais j’ai refusé. Je ne suis pas encore prête à me lier avec d’autres personnes. Mon passé reste encore bien présent à mon esprit et j’ai le sentiment que ma faute rester inscrite sur mon visage. Jenny m’a demandé l’une ou l’autre fois pourquoi j’étais partie de Charleston. Je lui ai simplement dis que mon époux était décédé et que j’avais eu besoin de prendre de la distance avec les lieux et les personnes que j’ai connue là-bas. Je sais qu’elle se doute que je ne lui ai pas tout dit, mais elle ne m’a rien demandé et je l’en remercie. Peut être un jour arriverais-je à parler de ça à quelqu’un, mais pour le moment, je préfère mettre cette pensée de côté. Je dois me concentrer sur l’avenir. Dès demain nous allons vacciner des soldats qui partiront au front en Europe. Certains iront dans le Pacifique, et nous allons devoir nous occuper d’eux pendant des semaines entières. Je ne dois pas penser à mon ancienne vie, sans cela je risque de ne pas tenir le choc en voyant défiler devant tous ces officiers, ces sous-officiers et ces jeunes garçons.
Je respire profondément. Je suis assise à côté du poêle depuis une bonne heure déjà et je n’arrive pas à me réchauffer. Les hivers sont si froids à New York, c’est incroyable. Je décide de me lever et je jettes un regard par la fenêtre. Du givre s’est déposé sur la vitre, de la neige se trouve sur le carreau à l’extérieur. Un frisson me parcourt de la tête aux pieds. Si seulement il faisait moins froid. Je me dirige vers l’armoire et je prends un châle noir que je dépose sur mes épaules. Je souris un instant, Claudia Joy me l’avait offert à mon anniversaire il y a de cela trois ans déjà. Je lui dirais dans ma prochaine lettre que je l‘ai emporté avec moi, cela la fera sans doute bien plaisir.
Nous entretenons une correspondance régulière. Elle me parle une peu de ce qu’il se passe sur la base. Surtout en ce qui concerne Pamela, Roxy ainsi que leurs familles. Je suis ravie d’avoir de leurs nouvelles, même si j’avoue que lorsque j’arrive en bas de la page, mon cœur s’est un peu serré dans ma poitrine en lisant ses mots. Ils me manquent tous beaucoup c’est indéniable et pourtant, je refuserais d’y retourner, quoiqu’il arrive.
Je soupire en voyant les gens se presser dans la rue. New York est toujours animée et cet élan de vie me permet de ne pas trop penser. Je m’éloigne de la fenêtre et je rejoins la chaise qui se trouve devant mon bureau. Je viens tout juste de commencer le point de croix que m’a offert Roxy avant son départ. Je vais tâcher de l’avancer le plus possible avant que les choses n’empirent et que de nombreux blessés ne reviennent de la guerre. Ma chef de service nous parle d’un envoi de matériel et de personnel médical en Europe, je ferais peut être partie de ceux qui partiront. Je dois encore profiter de ce calme qui nous entoure avant de, peut être, me trouver confronter aux combats et à la mort.
Le tourne disque s’est arrêté. Je change de disque et je prends le cadeaux de mon amie. Il ne se passe que quelques minutes avant que je n’entende un pas pressé dans le couloir et deux petits coups portés à ma porte. Je fronce les sourcils, je dépose le tissu sur mon bureau et je vais voir qui se trouve là. J’ouvre la porte et je me trouve face à la jeune femme blonde que je côtoie chaque jour depuis mon arrivée.
-Jenny, que fais-tu ici?
-Je viens te souhaiter une bonne année, dit-elle en souriant, et je viens te tenir compagnie.
-Mais, tu n’es pas chez tes parents? Dis-je avec étonnement.
-Non, je les aiment beaucoup mais, je ne les ai pas quitté depuis une semaine, je crois que j’ai besoin de voir un peu autre chose. Je peux entrer? A moins que tu sois en bonne compagnie.
-Ne dis pas de telles bêtises, dis-je en m’écartant de la porte pour la laisser passer, je suis seule ici.
-Oh, dommage, soupire mon amie en entrant.
Elle retire d’un revers de main le chapeau qui recouvrait ses cheveux et laisse tomber quelques flocons sur le sol. Puis, c’est au tour de ses gants, son écharpe ainsi que son manteau long lui allant jusqu’aux chevilles. Elle pose le tout sur le montant en fer du lit et se tourne vers moi en souriant.
-Pourquoi ce sourire? Dis-je en fronçant les sourcils.
-Tu sais que de jeunes soldats arrivent dès demain à l’hôpital de la Pitié.
-Oui…
-Peut être y aura-t-il un charmant jeune officier, ou peut être deux.
-Deux? Un seul ne te suffit pas? Dis-je en riant tout en rejoignant la chaise que j’avais quitté un peu plus tôt.
-Un pour toi, un beau Capitaine, oh non, un Colonel, grand, les cheveux sombres et les yeux d’un brun profond.
-Pour ma part, je préfère les blonds aux yeux bleus, dis-je en lui faisait une grimace.
-Mmmh alors tu n’es pas contre? Lance mon amie en s’asseyant sur le lit.
-Jenny à mon âge je…
-Tu n’es pas une nonne, dit-elle en me faisant un clin d’œil, et tu n’es pas âgée, tu es même très belle.
-Ma place dans la société n’est pas à changer, je suis veuve et je le resterais, aucun homme ne voudrais de moi, jamais je n’en épouserais un autre, il devrait être complètement fou pour me demander ma main.
-Allons, je ne te demande pas de l’épouser, tu peux être intime avec lui sans l’épouser.
-Jenny, dis-je en grondant, ces choses ne se font pas, tu ne devrais pas agir de la sorte.
-Oooh, je t’en prie, je plaisantais. Mais sache que s’il m’arrivait de tomber amoureuse d’un soldat qui devrait partir au front et sans doute ne jamais en revenir; eh bien, peut être que oui, je n’attendrais pas le mariage. Mes parents l’ont fait et ils ne s’aiment plus depuis des années déjà. Mon père ne se cache pas d’avoir des aventures, alors que ma mère, elle se trouve malheureuse dans ce rôle que la société d’aujourd’hui la enfermée.
-Excuse-moi, murmurais-je en approchant d’elle.
Je m’assoie sur le lit également et je lui prends doucement la main.
-Je veux seulement dire que tu es jeune Jenny, mais que tu ne peux pas te permettre de faire n’importe quoi. Et je suis certaine que tu trouvera un beau jeune homme qui s’emparera de ton cœur, avec tous ceux que nous allons devoir vacciner, tu auras l’occasion d’admirer. Surtout que Mary nous l’a bien dit plus d’une fois: « un bon vaccin est un vaccin que l’on administre d’une façon vive et…dans le postérieur. »
Jenny rit aux éclats et s’empare d’un oreiller avec lequel elle me frappe tendrement.
-Denise! En effet, tu n’es pas une nonne.
-Nous avons des yeux pour regarder non?
Nous rions toutes les deux comme des adolescentes. Jenny me redonne cette jeunesse et cette insouciance que j’ai perdue avec Patrick. A son âge j’étais déjà mariée depuis cinq ans et je me conduisais en parfaite maîtresse de maison. Alors qu’elle, elle respire la jeunesse et l’insouciance. Sous cet air enfantin, pourtant se cache une jeune femme forte et déterminée qui connait la valeur de la vie. Jenny a la tête sur les épaules, elle est courageuse et attentionnée. Elle est également très douée, puisqu’elle est sans doute la meilleure de nous toutes. Les malades l’apprécie pour sa joie de vivre et sa douceur, nous, pour son humour à toute épreuve. Jenny est une jeune femme formidable, une jeune femme à qui j’aimerai ressembler.


à suivre.....................
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MessageSujet: Re: Le jour où le soleil ne se lèvera plus sur ton sourire - AW   Le jour où le soleil ne se lèvera plus sur ton sourire - AW Icon_minitimeJeu 25 Mar - 9:40

14 Février 1942
Hôpital de la Pitié
New York
USA
 
La journée n’en est qu’à la moitié. J’ai hâte qu’elle se termine pourtant. Voilà des semaines que nous nous occupons de vacciner des soldats en partance pour le front ainsi que pour les camps d’entrainement en Grande-Bretagne ou au Canada. Je n’en peu plus de voir tout ces hommes en bonne santé et guillerets sans penser à ce qui les attend, sans penser aux familles qu’ils laisseront peut être derrière eux. Je n’arrive pas à m’empêcher de penser à mon défunt époux.
Je quitte un instant le tumulte de la grande salle où nous avons installé des dizaines de lits, séparés par des paravents et où se pressent de nombreux hommes. Je jettes un regard à ma chef de service qui se trouve assise à un bureau afin de remplir les papiers de ceux qui se pressent devant elle en file indienne. Mary est une femme d’une cinquantaine d’années qui ne se laisse plus manipuler depuis longtemps par les tendres sourires que lui adressent les malades et les jeunes gens espérant de pas être révoqués. Elle est impitoyable, mais elle a un grand cœur. Je souris un instant et je m’apprête à quitter la pièce. J’ai besoin de respirer quelques instants. Je me retourne et je m’engage dans le couloir. Sans crier gare, un homme arrive en face. Je n’ai le temps que de voir ses barrettes de Major avant qu’il ne m’attrape par le bras pour m’éviter de tomber face au choc.
-Pardonnez moi Mademoiselle, euh…Madame, murmura-t-il en me souriant tendrement.
-Oh, non, c’est moi je ne vous avais pas vu Major.
Je lui souris et je me dégage de lui, pour continuer ma route.
-Excusez-moi, dit-il plus fort pour que je le regarde à nouveau. Ne nous sommes nous pas déjà rencontrez?
Je ris doucement.
-Non, je ne le pense pas.
-Si, voyons, je suis le Major Frank Sherwood, je me souviens de vous, à la gare…
-Ecoutez Major, je suis flattée de ce que je vous faites, mais vous ne pouvez pas savoir le nombre d’hommes que je suis supposée connaître. Je pourrais former ma propre armée si je les connaissais tous, dis-je en riant.
-Pour ma part, je me souviens parfaitement bien de vous, me dit cet homme en faisant un clin d’œil avant de partir.
Je secoue la tête de gauche à droite et je poursuis ma route. Le quatorze février est particulièrement animé. Les jeunes hommes qui se pressent ici nous font la cour sans cesse. Ce n’est pas pour déplaire à nombreuses d’entre-nous et Jenny en particulier. Elle, au contraire, est ravie de cette situation. Chaque soir, nous passons de nombreuses minutes, voir même des heures à parler. Elle me raconte tout ce qu’elle entend et voit. Surtout ce qu’elle voit, car Jenny n’a pas les yeux dans sa poche. Je dois dire qu’il m’arrive aussi d’être quelque peu étourdie par l’un ou l’autre soldat, mais je ne le dis pas, je tiens à garder mes distances avec tout ceci. Ce n’est pas pour autant qu’ils cessent de nous faire du charme.
-Denise.
Je sursaute en entendant mon amie crier mon nom un peu plus loin. Elle sort de la grande salle et me sourit.
-Qu’y a-t-il?
-Mary voudrait que tu viennes, nous sommes débordées.
-Je suis partie à peine une seconde.
-Un convoi vient d’arriver de Fort Marshall. Je te laisse deux minutes pour te rafraichir mais tu ferais bien de venir.
-Très bien, dis-je dans un soupire.
Jenny s’éclipse à nouveau. Je me dirige vers une petite pièce adjacente ou nous nous réunissons lorsque nous ne sommes pas de garde. Je prends un verre et je me verse de l’eau. Fort Marshall. Nous y voilà. Je vais sans doute devoir m’occuper d’hommes ayant vécu sur la base en même temps que moi, des hommes qui sauront tout de mon crime. Il va falloir que je prennes sur moi, que je me montre courageuse et que, surtout je sache me détacher des choses. Je respire profondément et je quitte la pièce. J’emprunte le couloir et m’arrête un instant dans l’embrassure de la porte. Être courageuse. Je fais le chemin inverse que précédemment et je rejoins ma section, entre deux paravents. Je prends le premier dossier qui se trouve sur la haute pile déposée par une autre infirmière. J’appelle le premier soldat. Je lui exécute tous les soins dont je suis chargée; prise de tension, examen auditif, ophtalmologique, prise de poids, de taille, et vaccins en tout genre. Je suis au milieu de la pile lorsque je reconnais un nom qui m’est familier et qui me fait sourire.
-Trevor Leblanc, dis-je d’une voix forte.
Le jeune homme s’avance vers moi en souriant. Il me tend la main que je serre avec joie.
-Madame Andrews, dit-il, comment allez-vous?
-Je vais plutôt bien, et c’est Denise Branch à présent, j’ai repris mon nom de jeune fille. Je suis ravie de vous voir, asseyez-vous je vous en prie, nous allons commencer.
Il acquiesce et prend place sur le lit d’auscultation.
-Comment va votre épouse? Vous venez directement de Fort Marshall?
-Oui, nous sommes arrivés hier au soir, Roxy va très bien, et…elle attend un enfant.
-Vraiment? Claudia Joy ne me l’a pas dis. Toutes mes félicitations.
-Elle ne le sait que depuis très récemment, et vous connaissez le courrier postal, dit-il en riant.
J’acquiesce en souriant et nous continuons de bavarder alors que j’effectue les soins. Après quelques minutes, je suis contrainte de le saluer, mais il m’assure qu’ils vont rester quelques temps à New York, je devrais avoir l’occasion de le voir l’une ou l’autre fois. Nous nous saluons chaleureusement puis, je prends en charge un autre soldat. Là encore ce nom me dit quelque chose, je l’ai entendu ce matin même. Je m’étonne de voir le nom d’un officier parmi les soldats. Je soupire et jettes un coup d’œil chez mon amie. Discrètement, je passe entre le paravent et le mur pour que personne ne me voit.
-Jenny, pourrais-tu me rendre un service? Pourrais-tu prendre ce dossier à ma place? C’est toi qui t’occupe des officiers à ce que je vois, je ne comprends pas qu’il se trouve dans ma pile de dossiers.
-Parce que c’est lui qui a demandé à l’être.
-Je te demande pardon? Dis-je avec étonnement.
-Je ne peux pas t’en dire plus Denise, il a insisté.
-Auprès de qui? De toi?
-Il m’a dit qu’il te connaissait et qu’il devait te parler et que tu refuserais sans doute de le faire. Comme il venait de Fort Marshall, je pensais que cela avait un rapport avec ton passé.
-Non, je ne le connais pas. Je l’ai rencontré ce matin, mais il est persuadé de me connaître.
-Peut être est-il l’officier de tes rêves? Dit-elle en me faisant un clin d’œil. Denise c’est la Saint Valentin.
Elle me sourit et appelle son prochain patient. Je me résigne à rejoindre mon espace de consultation et j’appelle le prochain nom.
-Major Frank Sherwood.
Il me lance un sourire franc en entrant avant de se diriger vers le lit de consultation.
-Asseyez-vous je vous en prie.
Il s’exécute sans broncher et je me penche vers lui afin d’ausculter ses yeux. Je me trouve debout, contre ses jambes, une main posée contre son front et l’autre tenant fermement l’instrument. Mon visage ne se trouve qu’à quelques centimètres du sien. Je peux presque sentir sa respiration sur ma peau. Il ne bouge pas d’un pouce. Moi en revanche, je sens ma main trembler et un frisson parcourir mon corps tout entier. J’éloigne l’instrument de son regard sans pour autant le quitter des yeux. Nous restons là, face à face à quelques centimètres, en silence. Je baisse enfin les yeux et il se racle brièvement la gorge. Il a perçu mon trouble je le sais, je le sens. Je m’éloigne et je prends un autre instrument. Je dois écouter son cœur. Je glisse ma main sous sa chemise et j’écoute avec attention. Son cœur bat vite, mais rien d’anormal, l’angoisse de l’examen médical, cela arrive souvent. Tout se passe dans un silence de cathédrale alors que le reste de la salle reste animée et bruyant. Cet homme qui semble manier les mots avec facilité reste muet comme une tombe et se contente de faire ce que je lui dis. La prochaine étape cependant sera éprouvante pour moi et mon sens de la retenue. Je me saisis de la piqure que je dois lui faire et je me tourne vers lui.
-Baissez votre pantalon Major, je vais devoir vous faire cette piqure.
-Où? Dit-il en faisant une grimace.
-Dans votre postérieur, allez.
-Euh…je préfèrerais dans le bras si vous le voulez bien.
-Non, il n’y a aucun traitement de faveur, retournez-vous que je puisse en finir avec vous.
-Etes-vous si pressé de me voir partir?
-Major, j’ai eu une longue journée, sans compter que j’ai rencontré un officier qui me donne du fil à retordre et qui m’a violement percuté tout à l’heure, alors je vous en prie, baissez votre pantalon que je puisse vous faire ce vaccin.
-Très bien, soupire-t-il en se retournant. Il ouvre son pantalon et s’allonge. Je souris et je m’approche de lui. Je lui baisse un peu son sous vêtement et je plaque ma main sur sa peau afin de faire au mieux la piqure. Je dois me concentrer, ne pas tenir compte de cette chaleur soudaine qui m’envahie subitement. Je ferme les yeux un instant puis, j’enfonce d’un coup sec l‘aiguille. Je le sens se contracter l’espace d’un instant avant que je ne retire l’aiguille et frotte l’endroit de la piqure avec un coton.
-Voilà, dis-je en remettant en place le tissu blanc, j’en ai fini avec vous.
Je me retourne afin de ranger mes ustensiles et il se rhabille. Je me tourne vers lui et lui tend son dossier.
-Allez le remettre à l’infirmière au bureau à l’entrée.
-Oh, oui, elle est moins commode que vous.
-Mais, elle ne vous a pas fait de un piqure, elle.
-Non, certes, dit-il en riant. Merci Madame.
-Je vous en prie Major, dis-je en souriant.
-Une dernière chose, dit-il avant de sortir, vous devriez peut être vous placer de l’autre côté lorsque vous auscultez.
-Pour quelle raison?
-Les fenêtres, la lumière se trouve dans votre dos et…eh bien…le tissu de votre blouse est plutôt fin et…
Je le regarde avec de grands yeux avant de mettre les mains sur ma poitrine.
-Major, dis-je en grondant.
-Je le dis pour vous, ne le prenez pas mal, je doute que vous appréciez que les hommes…enfin, vous voyez.
Il me sourit timidement et passe de l’autre côté du paravent. J’aurais dû le piquer encore plus fort, il aurait eu un peu plus mal et cela lui aurait peut être appris les bonnes manières. Alors que je sens la tension monter en moi, étant heureuse qu’il ne se trouve plus devant moi pour lui dire ses quatre vérités, je le vois passer la tête.
-J’ai été ravi de vous revoir madame, dit-il en souriant.
Puis, il s’éclipse, me laissant muette comme une carpe. Il me faut quelques secondes avant de reprendre mes esprits et d’appeler le prochain patient. Pourtant, cette fois je le fais asseoir de l’autre côté du lit de consultation, on ne sait jamais.
Lorsque la fin de journée est arrivée, s’est épuisées que nous allons nous changer et que nous sortons du bâtiment. Il fait encore frais à cette époque et nous nous emmitouflons dans nos manteaux et nos capes. Jenny me montre fièrement une rose qu’un Lieutenant lui a offert.
-Il est charmant tu sais, il restera en ville encore plusieurs jours.
-D’où vient-il?
-Du Camp Pendleton. Il s’appelle Jack, nous iront peut être au cinéma le week-end prochain tous les deux, ou peut être danser qui sait?
-Je te souhaite de t’amuser en tout cas, dis-je en souriant.
-Denise? Ne serais-ce pas le Major qui voulait te voir aujourd’hui?
Je suis le regard de mon amie et je le vois un peu plus loin, se tenant droit et fier sur le trottoir et m’adressant un sourire. Nous nous dirigeons vers lui. Il sort un bouquet de son dos et me le tends.
-Pour me faire pardonner l’attitude que j’ai eue à votre égard aujourd’hui, dit-il alors que je me saisis des fleurs.
-Merci Major, dis-je en sentant le rouge me monter aux joues.
-Vous ne vous souvenez toujours pas de moi, n’est-ce pas?
-Je vous l’ai dit, je suis sincèrement navrée.
-Ce n’est rien, peut être pourrions-nous nous revoir prochainement, au cinéma ou au restaurant, je pourrais tâcher de me rappeler à vous.
-Je…je ne préfère pas, dis-je dans un soupire, ne le prenez pas contre vous, vous êtes un homme tout a fait charmant, seulement. Je suis navrée, je ne souhaite pas fréquenter d’homme pour le moment, j’ai perdu mon époux il a quelques mois.
-Je comprends parfaitement, me répond le Major sur un ton désolé, bien dans ce cas. Je vous souhaite une bonne soirée mesdames.
Il nous sourit et s’empare délicatement de ma main. Il l’approche de sa bouche avant d’y déposer un doux baiser sans quitter mon regard.
-J’ai été ravi de vous revoir.
Puis, sans un mot de plus, il s’éloigne et monte dans un taxi. Nous le regardons partir. Jenny se tourne vers moi et me lance un regard noir.
-Un jour viendra où il faudra que tu t’accorde le droit d’être heureuse à nouveau.
Elle appelle un taxi et monte à l’arrière.
-Je sais, dis-je dans un murmure pour moi-même avant de monter à sa suite.


à suivre......................
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MessageSujet: Re: Le jour où le soleil ne se lèvera plus sur ton sourire - AW   Le jour où le soleil ne se lèvera plus sur ton sourire - AW Icon_minitimeDim 28 Mar - 9:05

07 Avril 1942
Institut Sainte Catherine
New York
USA
Je rentre tard une fois de plus. Notre garde est enfin terminée et je suis heureuse de rejoindre l’institut pour une nuit de sommeil bien méritée. Je salue mes collègues au fur et à mesure que chacune d’elle gagne sa chambre. J’arpente le couloir sombre toute seule pour les derniers mètres. Jenny n’était pas dans mon groupe elle a quitté l’hôpital depuis plusieurs heures déjà. Mais elle n’est pas rentrée directement ici, elle devait voir son beau Lieutenant rencontré deux mois auparavant. Je jette un œil vers sa porte close, il n’y a pas de lumière qui passe par le dessous de la porte, elle doit être endormie, ou peut être n’est-elle pas encore rentrée. Je souris un instant en pensant à mon amie. Puis, je me dirige vers ma chambre. Je m’arrête. Il y a de la lumière. Qui pourrait-il bien se trouver là? A moins que peut être est-ce moi qui ais oublié de l’éteindre en partant ce matin? J’espère que rien d’anormal ne se passe. J’avance ma main vers la poignée. Une boule apparait dans mon ventre, ma gorge s’assèche. Je respire profondément et j’ouvre doucement. Je jettes un rapide coup d’œil dans toutes les directions. Tout est en ordre, aucun cambrioleur n’est venu mettre à sac ma chambre. Je soupire de soulagement. Il m’arrive d’avoir bien trop d’imagination par moment. Je me sens quelque peu idiote d’avoir eu peur de rentrer. Je pénètre dans la pièce et je ferme la porte derrière moi. Cependant, je me fige sur place en remarquant qu’une personne se trouve allongée sur mon lit. Sa chevelure dorée ondule doucement sur la couverture pourpre qui recouvre mon lit. Je pose mes affaires sur la chaise en bois qui se trouve à proximité de l’entrée et j’avance doucement vers le lit. Je m’assoie doucement sur le rebords et je penche vers mon amie. J’approche ma main avec prudence de son épaule afin de la réveiller mais en douceur.
-Jenny, dis-je en un murmure, réveilles-toi.
Je la vois se recroqueviller un peu plus sur elle-même et étouffer un grognement de mécontentement. En bougeant, elle dégage un article de presse qu’elle devait tenir contre elle depuis quelques temps. Je le prends et lis à toute vitesse. Je soupire et regarde mon amie à nouveau. Je comprends mieux à présent.
Mes doigts effleurent ses cheveux, dégageant une mèche blonde qui avalait son visage. Je m’approche à nouveau un peu vers elle et je me penche sur son oreille.
-Jenny, allez, il faut te réveiller.
La jeune femme bouge à nouveau et je croise son regard bleu. Je lui souris tendrement avant qu’elle ne se redresse brusquement.
-Que, que fais-tu déjà ici? Lance mon amie en voulant se lever.
Je pose ma main sur la sienne pour la retenir. Elle me lance un regard désemparé avant de s’assoir à côté de moi.
-Il est tard, je suis rentré de l’hôpital.
-Pardonne-moi d’être venue dans ta chambre, je…je voulais…enfin j’avais besoin…
-Ne t’en fais pas, ça ne me dérange pas que tu sois là. Quelque chose ne va pas?
Elle me sourit timidement avant de regarder le sol. Je resserre mes doigts sur sa main afin qu’elle me regarde et je reprends la parole.
-J’ai lu l’article, c’est pour cette raison que tu as pleuré?
-Il s’en va dans une semaine. Et il n’a même pas prit la peine de me le dire. Je l’ai vu encore ce soir, et il ne m’a rien dit.
-Jenny il part en Europe, peut être ne savait-il pas comment te l’annoncer?
Elle ne me répond pas et baisse les yeux à nouveaux. Je vois les larmes couler doucement sur ses joues. Je ne sais pas vraiment comment réagir. Elle s’entendait très bien avec Jack, il la rendait heureuse. Elle espérait fonder une famille avec lui. Mais il y avait un, je ne sais quoi, qui ne me plait pas chez lui. Bien entendu je n’en ai pas parlé à mon amie, elle était bien trop amoureuse et je ne voulais en aucun cas ternir son bonheur. Mais tout porte à croire que je ne me faisais pas une mauvaise idée sur son compte. Ne pas lui avoir dit qu’il allait partir pour le Royaume- Uni quelques jours plus tard et laisser les journaux le lui informer, tout cela ne me semblait pas honnête de sa part.
Mon amie secoue la tête de gauche à droite.
-Non, il…il m’a simplement prit pour une idiote, ce n’est rien d’autre que cela.
Je lâche doucement la main de Jenny avant de la prendre tendrement par les épaules et de l’attirer contre moi. Elle se laisse aller contre ma poitrine et pleure toutes les larmes de son corps. Je resserre mon étreinte autour d’elle et je caresse affectueusement ses cheveux en lui parlant doucement.
-Ca va aller. Tu verras tout va s’arranger.
-Je ne veux plus jamais le voir, plus jamais tu m’entends? Il part pour Southampton lundi mais s’il essaie de me contacter ou de me voir je ne lui répondrais pas, c’est terminé. Je ne veux plus rien savoir des hommes, ils sont tous de la même trempe.
-Tu ne peux pas dire cela, il existe des hommes bien, tu sais.
-Voilà pourquoi tu es ici? Me lance-t-elle en se redressant pour me regarder. Si tu croyais à ce que disais tu ne serais pas là avec moi ce soir.
J’acquiesce timidement. Elle n’a pas tord dans le fond. Moi aussi je me suis jurée de ne plus jamais laisser un homme m’approcher de trop près, de ne plus le laisser toucher mon cœur. Mais Jenny est jeune, elle ne peut pas réagir de la sorte. Elle est triste, voilà tout, une fois la douleur atténuée, elle changera d’avis, je le sais. Quand à moi, eh bien, je réfléchis depuis quelque temps à m’accorder le droit d’être heureuse à nouveau, peut être dans les bras d’un homme, qui sait?

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MessageSujet: Re: Le jour où le soleil ne se lèvera plus sur ton sourire - AW   Le jour où le soleil ne se lèvera plus sur ton sourire - AW Icon_minitimeDim 28 Mar - 15:32

J'ai enfin rattrapé mon retard et j'adore toujours autant !!! gfsdfdsgfsdfdsgfsdfdsgfsdfdsgfsdfds

J'espère que Denise va changer d'avis sur les hommes !!!

Vivement la suite !!!
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MessageSujet: Re: Le jour où le soleil ne se lèvera plus sur ton sourire - AW   Le jour où le soleil ne se lèvera plus sur ton sourire - AW Icon_minitimeVen 2 Avr - 8:18

merci Cam, voici la suite, bonne lecture

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16 Avril 1942
Port de New York
New York
USA

Il est encore tôt lorsque nous quittons l’institut ce matin là, toutes chargées avec nos valises. Notre séjour à New York touche à sa fin, notre formation est terminée à présent. Il nous reste encore bien des choses à apprendre, mais nous le feront sur le terrain. Mary nous accompagne, elle sera notre Lieutenant, puisque dès à présent, nous dépendons de l’armée. Bien que l’une ou l’autre d’entre nous le soupçonnions, aujourd’hui nous avons la confirmation, nous sommes officiellement rattachées à l’Etat. Notre président a déclaré que toute la nation devait soutenir ses soldats ainsi que d’œuvrer pour la victoire de la liberté sur les dictatures.
J’avoue avoir un peu peur de ce qui nous arrive, mais j’essaie de rester optimiste autant que possible, surtout pour ma jeune amie, qui elle, est de plus en plus nerveuse. Le fait d’apprendre que nous prenons le bateau pour l’Europe ne l’enchante guère. Non pas qu’elle ait peur plus que tout autre de se trouver au cœur du conflit, alors que l’on pouvait se sentir en certaine sécurité ici, mais surtout par peur de rencontrer Jack sur le paquebot. Je lui ai dis qu’il était immense et qu’il lui serrait presque impossible de le croiser, mais Jenny reste pourtant incrédule. Elle ne croit pas ce que je lui dis, peut être parce que, moi-même je doute qu’elle ne le croise pas une seule fois en sept jours de voyage.
Lorsque nous avançons sur le quai bondé, nous avons un peu de mal à nous frayer un passage jusque sur la passerelle afin de monter sur le bateau. Il y a une quantité incroyable de soldats, et quelques civils qui les saluent chaleureusement. Tout fourmille autour de nous et, porter nos bagages devient une vraie épreuve de force si l’on ne veut pas se retrouver de l’autre côté du quai. Après quelques minutes, Jenny m’a déjà devancé. Je ne suis plus aussi jeune et déterminée qu’elle, et si je ne m’éloigne d’elle que de quelques mètres, le passage se referme devant moi. Je dois battre des coudes pour avancer. Alors que je la vois déjà monter sur le bateau, je pose mon pied sur la passerelle. Une personne a poussé une autre, qui à son tour me bouscule. Je me sens vaciller, les talons ne sont vraiment pas une bonne chose. Je sens le poids de ma valise bien trop lourde me tirer vers l’arrière. Alors que je m’apprête à la lâcher et à me saisir de la corde de la passerelle pour ne pas tomber, je sens une main ferme et chaude se saisir de la mienne. Une fois mon équilibre reprit, je tourne la tête vers la personne qui m’a retenu. Il m’adresse le plus tendre des sourire.
-Madame, avez-vous besoin d’aide? Me murmure-t-il du bout des lèvres sans quitter mon regard.
-Je…je, Major.
-Je vois que je tombe à pic une fois de plus, laissez-moi vous aider, dit-il en prenant ma valise.
-Vous prenez ce paquebot vous aussi?
-Oui, cette fois-ci je ferais le voyage avec vous, me dit-il en souriant.
Je fronce les sourcils, ne sachant pas de quoi il me parle lorsque soudain mes souvenirs refont surface. Tout s’était passé de cette façon, les mêmes paroles, le même regard.
Il se saisit de mon bras afin que je monte avec lui sans tomber. Je resserre ma main dessus et je lui souris tendrement.
-Je me souviens de vous Major, dis-je en un soupir.
-Mon postérieur se souvient de votre piqure également, je ne pensais pas avoir mal encore deux jours après. De toutes mes blessures, celle-ci a été la plus douloureuse.
Je ris de bon cœur mais je ne lui réponds pas.
Alors que nous arrivons en haut et que l’on vérifie nos billets, je lui indique la direction de ma cabine. Il tient à porter ma valise jusque là, et j’avoue que j’aime être en sa compagnie. Une fois devant la porte close, il dépose ma valise au sol et me prend tendrement la main.
-Je me dois de rejoindre mes soldats à présent, j’espère cependant que nous aurons l’occasion de nous voir durant le voyage.
-Je l’espère aussi, dis-je en souriant également.
Il dépose un baiser sur ma main et se redresse.
-Major, dis-je soudainement, lorsque je vous ai dis que je vous reconnaissais, cela n’a rien à voir avec votre visite médicale en février. Je me rappelle de cette rencontre sur le quai de gare de Charleston, vous m’aviez aidé à porter ma valise dans le train, tout comme aujourd’hui et vous m’aviez dit mot pour mot la même chose.
-Vous vous en souvenez? Et vous vous rappeliez que je vous ai dis cela?
-Oui, en quoi serait-ce étonnant, vous vous souveniez vous également.
-Pour ma part, c’est un peu différent, me répond le Major en rougissant doucement et en fuyant mon regard.
Je souris timidement. Il semble être un petit garçon prit en faute et la manière qu’il a de vouloir cacher son trouble me plait beaucoup.
-Vraiment? Dis-je pour le titiller un peu, en quoi serait-ce différent?
Il n’a pas le temps de répondre que la porte derrière moi s’ouvre soudainement. Jenny nous regarde tour à tour avant de sourire.
-Je…je me demandais où tu étais, dit-elle, mais euh…je vous en prie, continuez, je vais vous laisser.
Elle referme rapidement la porte et je me tourne vers l’homme qui se tient toujours devant moi.
-Je devrais y aller, je vous souhaite un bon voyage, madame.
-Vous de même Major, nous nous reverrons je l’espère avant d’arriver à Southampton?
-Je l’espère moi aussi.
-.Nous aurons ainsi tout à loisir de parler.
Il acquiesce et me reprend la main sans quitter mon regard. Je lui souris et à ce moment là, se sont mes joues qui rosirent à leur tour. Je ne sais pas par quel moyen ceci est possible. Mais une fois de plus, la chaleur envahie mon corps tout entier. Lorsque je plonge mes yeux dans ce regard bleu océan, j’ai le sentiment de perdre pieds dans la réalité. Le Major se redresse et m’accorde un dernier sourire avant de s’éloigner.
-Au revoir madame.
-Au revoir Major.
Il emprunte le couloir sans même que je ne songe à bouger. Je le regarde partir simplement. Lorsqu’il se trouve à l’angle du couloir il se tourne une dernière fois et me fait un bref signe de tête. Je réponds de la même manière et il s’éclipse aussitôt. Mes yeux restent fixés vers l’endroit où il a disparu. Je respire enfin, mon cœur se calme dans ma poitrine. Je n’avais même pas remarqué que j’avais retenu ma respiration. Mes mains sont moites. Mais qu’a-t-il de si particulier pour me mettre dans un tel état?
Je reste encore dans le couloir quelques secondes le temps de reprendre parfaitement mes esprits. Jenny ne doit pas voir dans quel état je me trouve, sans cela, les questions fuseraient aussitôt que je serais rentrée dans notre cabine. Je sais que quoiqu’il en soit elle n’hésiterait pas, mais si elle me voit calme, elle n’insistera peut être pas.

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MessageSujet: Re: Le jour où le soleil ne se lèvera plus sur ton sourire - AW   Le jour où le soleil ne se lèvera plus sur ton sourire - AW Icon_minitimeVen 2 Avr - 12:03

Super suite !!! gfsdfdsgfsdfdschatongfsdfdsgfsdfds

Vivement la prochaine !!!
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MessageSujet: Re: Le jour où le soleil ne se lèvera plus sur ton sourire - AW   Le jour où le soleil ne se lèvera plus sur ton sourire - AW Icon_minitimeLun 5 Avr - 17:03

Merci

****************

19 Avril 1942
Un paquebot à destination de Southampton
Océan Atlantique


Je regarde une fois encore le soleil se coucher sur l’immensité bleue et infinie. Le vent qui caresse ma peau m’emporte à chaque seconde un peu plus loin des Etats-Unis et de la vie que j’y ai laissé. Je ne regrette rien, car je sais que je vais pouvoir faire changer les choses dès aujourd’hui. A dire vrai, je crois en avoir le pouvoir depuis le jour où j’ai quitté Charleston. Mes amies me manque, aujourd’hui plus qu’un autre jour. Pourtant, en quoi serait-il un jour particulier? Je l’ignore, mais je ressens ce certain vague à l’âme, l’impression que le temps emporte avec lui mes meilleurs souvenirs. Je ne sais pas de quoi l’avenir est fait, je devrais peut être m’en réjouir, qui sait?
Quoiqu’il en soit, je regarde le soleil disparaître à l’horizon et le vent commence à me glacer le sang. J’ai toujours voulu faire une croisière sur un aussi beau paquebot, seulement je l’avais imaginé un peu différente. Nous sommes entourées de personnel médical, de soldats et de matériel nécessaire à l’effort de guerre. Mais je ne m’en plains, je sais que je suis à ma place ici.
Je soupire bruyamment, il est temps pour moi de regagner la cabine. Une partie de jeu de cartes est programmée avec Jenny et trois infirmières avec qui nous bavardons très souvent. Je devrais rentrer dès maintenant, mais je n’en ai pas envie. J’avais eu le grand besoin de me trouver seule, ne sachant pas vraiment quelle en fut la raison.
Je savoure le dernier rayon de soleil sur ma peau, je contemple les tons orangés et rouges dans lesquels il disparait. Je resserre mes doigts sur la rambarde en bois en jetant un dernier regard vers l’océan avant de décider de me retourner. Mais aussitôt que je suis face au pont, mon regard accroche celui d’un homme. Un Major. Le Major Frank Sherwood, je me souviens très bien de lui à présent. Il avance vers moi très doucement, tout en laissant son sourire s’agrandir davantage.
-Bonsoir madame, me murmure-t-il à quelques centimètres de moi.
-Bonsoir Major, répondis-je poliment.
Il dépose un baiser sur ma main qu’il avait prit à peine une seconde plus tôt, avant de la laisser délicatement retomber et de reprendre la parole.
-Je désespérais de vous voir avant d’arriver au port.
-Il nous reste environ cinq jours si je ne m’abuse.
-Trois sont déjà passé, me rétorque-t-il aussitôt en fuyant subitement mon regard.
Je souris timidement en accordant une grande importance à mes mains que je noue devant moi.
-Votre voyage se passe-t-il bien? Dis-je en relevant la tête vers lui.
-Oui, très bien. Nous sommes un peu trop attroupés à un même endroit, si vous voulez mon avis. Un tel navire n’est pas fait pour accueillir tant de soldats. Il a été construit pour emmener des couples en lune de miel à l’autre bout du monde, et non pour emporter avec lui des familles qui fuient les guerres.
-Ou des hommes prêts à se battre sur un autre continent. Ceux-là ne devraient pas quitter leur pays pour un autre sans jamais avoir la certitude de pouvoir en revenir.
-Il y a aussi des femmes qui font ce voyage. Elles sont toutes aussi courageuses que les hommes qui se trouvent au front.
Je dissimule tant bien que mal la grimace qui traverse mon visage et manifeste mon trouble. Le Major le remarque et me sourit un peu plus largement encore avant de s’adosser à la rambarde et de regarder les vagues qui se forment bien des mètres en dessous de nous.
-Vous n’aimez pas ce que je dis? Me murmure-t-il du bout des lèvres.
-Ce n’est pas que je n’aime pas vos paroles, Major. Simplement, vous devez être le premier soldat qui ose dire que les femmes ont autant d’importance dans cette guerre que les hommes.
-N’êtes-vous pas d’accord?
-Oh, bien sûr que si, dis-je en riant, je suis une féministe convaincue Major.
Il fronce les sourcils et se redresse. Je sens mon regard me sonder au plus profond de moi-même et je n’ose plus prononcer un seul mot, je me demande même si je ne retiens pas ma respiration.
-C’est bien dommage, grommelle-t-il.
-Pourquoi?
-Je…Je tenais à vous inviter. Mais je pense que se serait une mauvaise idée, suite à vos révélations.
-Major je suis navrée. Je ne voulais pas vous offenser ou vous blesser.
-Ce n’est pas le cas.
-Vous ai-je choqué? Demandais-je soudain prise de remords d’avoir été aussi honnête.
-Non, pas le moins du monde madame, s’empresse-t-il d’ajouter.
Il se détourne de moi pour fixer son regard à l’horizon qui s’assombrit de seconde en seconde. J’aimerai lui dire quelque chose, mais je ne sais quoi trop répondre. Alors nous restons silencieux, des secondes entières, peut être même de longues minutes, car j’ignore le temps qui s’est écoulé depuis que l’homme à côté de moi s’est tourné vers l’océan. Je n’ose pas bouger, car je ne le souhaite pas. Je me sens bien avec lui, même si nous ne parlons pas, même avec ce certain malaise qui se trouve entre nous. Mais subitement, je me souviens de mon rendez-vous. Mes amies vont m’attendre, je me dois de les rejoindre au plus vite, à l’autre bout du paquebot.
-Major, je vais hélas devoir vous quitter. On m’attend et je ne voudrais pas être en retard.
Il se redresse et se tourna vers moi à nouveau.
-Bien. Mais puis-je tout de même vous inviter au bal ? Je sais que vous avez perdu un époux il y a de cela quelques mois et je ne veux en aucun cas vous forcer la main et me montrer insistant auprès de vous. Mais je souhaiterai vous accompagner demain soir.
-Je suis flattée par votre proposition. En effet j’ai perdu mon époux il y a de cela encore peu de temps, mais ce n’est pas la raison à mon refus constant envers vous.
-Oh, suis-je si repoussant? Me dit-il en riant doucement.
-Non, vous êtes…Ce n’est pas cela. Je ne comptais pas me rendre au bal, pour plusieurs raisons à dire vrai.
-Suis-je en mesure de les connaître? Ou sont-elles personnelles?
-Elles le sont. Mais je pense qu’il est temps que je vous les énonce. Major, il n’est pas bon pour vous, ni pour votre réputation qu’on vous voit avec moi. Vos hommes doivent avoir confiance en vous, ils doivent être prêts à vous suivre n’importe où, ils doivent vous respecter.
-En quoi cela à avoir avec vous?
-Vous étiez à Fort Marshall. Avez-vous entendu parler d’une femme de sous-officier ayant assassiné son époux?
-Oui, elle a disparu avant mon arrivée, j’ai logé dans leurs quartiers à mon arrivée. Toute la base ne parlait encore que de ça. Connaissiez-vous cette femme?
Je baisse les yeux vers le sol. Il me faut lui dire, maintenant. Il doit s’éloigner de moi s’il ne veut pas briser sa carrière. Cependant je m’étais habitué à le voir de temps à autres, je me suis surprise à aimer son rire et le timide sourire qui illuminait son visage. J’aimais me plonger dans son regard aussi bleu que l’océan où règne une tendresse et douceur que je n’ai jamais vu auparavant.
-Madame? Me murmure-t-il en approchant un peu plus.
Je ne réponds pas et doucement je sens sa main glisser sous mon menton pour le lever. Les larmes ont coulées sur mes joues. Il me regarde avec une totale incompréhension sans enlever sa main de ma peau. Mais je baisse le regard, je ne peux pas le lui dire, même si je sais que je l’ai déjà perdu. Il retire sa main et reste debout devant moi en silence pour un temps que je jugerai être une éternité. Lorsque je consens à le regarder enfin, un éclair traverse son regard et il prend enfin la parole.
-Est-ce vous? Bredouille-t-il.
-Je suis navrée Major. Vous allez devoir trouver une autre cavalière pour ce bal.
-Répondez à ma question, me dit-il sur un ton froid et dur.
-Oui, c‘est bien moi.
Il se détourne de moi en soupirant profondément. Je savais qu’un tel aveu ne pourrait avoir que pour conséquence une telle réaction. Il ne connait pas la vérité et je ne compte pas le lui dire. Ce qu’il sait lui suffit à porter un autre regard sur moi, le mal est déjà fait. Alors, il n’y a plus rien à faire, plus rien à dire. Après tout, tout était déjà perdu d’avance, comment et pourquoi avoir espéré?
Je sèche rapidement les larmes qui ont laissé de longues traces brûlantes sur mes joues. J’avale difficilement la salive qui s’était formée dans ma bouche et je rassemble toutes mes forces pour ne pas laisser ma voix trembler. Je sers les poings en signe de détermination, car je ne dois pas faiblir. Je dois lui faire mes adieux, pour toujours.
-Permettez-moi de vous souhaiter bonne chance pour l’avenir, dis-je moins fort que je ne l’aurais voulu. Faites attention à vous pour rentrer au pays en vie. Et ne perdez pas votre âme dans cette guerre, je vous en prie. Adieux Major.
Il me jettes un rapide regard sans dire un mot. Je m’éloigne de lui aussi vite que je le peux. Je veux quitter ce pont. J’entends des conversations sur mon passage, des rires, des mélodies fredonnées ou s’échappant des portes devant lesquelles je passe rapidement. Je ne me retourne pas, pas un seul instant. Je ne prête pas attention aux jeunes hommes, femmes, membres d’équipage, officiers et machinistes qui se trouvent sur mon chemin. Je ne pense qu’à rejoindre au plus vite ma cabine tout en essayant de ne pas être aveuglée par les larmes qui se sont mises à renaître dans les creux de mes yeux et qui coulent librement sur ma peau.


à suivre.............
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MessageSujet: Re: Le jour où le soleil ne se lèvera plus sur ton sourire - AW   Le jour où le soleil ne se lèvera plus sur ton sourire - AW Icon_minitimeMar 6 Avr - 10:49

J'espère que Frank va la rattraper !!!

gfsdfds Vivement la suite !!!
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MessageSujet: Re: Le jour où le soleil ne se lèvera plus sur ton sourire - AW   Le jour où le soleil ne se lèvera plus sur ton sourire - AW Icon_minitimeJeu 8 Avr - 9:36

merci

********************
20 Avril 1942
Cabine de Denise et Jenny
Un paquebot à destination de Southampton
Océan Atlantique
Je finis la lettre que j’écris depuis de longues minutes à mon amie Claudia Joy. Je ne savais pas quoi lui écrire. Mais j’avais eu besoin de le faire. Voilà une heure déjà que Jenny est partie se promener sur le bateau. Moi, je n’en avais pas le cœur. Je préférerais rester dans cette cabine jusqu’à notre débarquement à Southampton. Je ne souhaite pas croiser une vieille connaissance venue de Charleston, ni même le Major Sherwood. Surtout pas le Major Sherwood. Je tente de le chasser de mon esprit depuis le jour précédent. Mais depuis hier, il ne fait que se rappeler à moi sans cesse. Même mes rêves furent immanquablement orienté sur lui. Je ne pense qu’à son regard, son sourire et le touché de sa main sous mon menton. Je pensais que ne plus le voir arrangerait les choses, mais non, bien au contraire et je le regrette. Je regrette tellement qu’il hante mes pensées et que je n’arrive pas à l’oublier. Cela ne fait qu’un jour après tout, le temps emportera avec lui le timbre de sa voix, l’étincelle qui anime son regard. Le temps me fera oublier, je le sais, il a toujours eu ce pouvoir.
Je soupire bruyamment, comme si le poids qui alourdissait mon cœur ne fait que m’étouffer chaque seconde un peu plus. Puis, je tente de me concentrer sur la lettre que j’écris à mon amie. J’essaie de mettre de côté toutes ses pensées, j’essaie de ne plus m’éloigner vers ces regrets qui gagnent mon cœur.
Mais alors que j’avais repris le fil de mon écriture, louant à mon amie les beautés d’un voyage sur l’immensité bleue où naissait le soleil et où il mourrait chaque jour, la porte derrière moi s’ouvre à la volée et se referme encore plus brutalement. Je jette un regard vers la jeune femme qui est entrée. Ses yeux sont si sombres. Je ne crois jamais avoir vu de tels éclairs dans son regard d’ordinaire si amical.
-Jenny, ca ne va pas? Dis-je doucement.
-Non. Jack, Jack est ici avec une espèce de danseuse de cabaret.
-Jenny, dis-je en me levant et en m’avançant vers elle. Je croyais que tu le savais.
-J’ai évité de sortir autant que possible de cette cabine pour ne pas le voir. Et le seul jour où je décidais de m’accorder un peu de temps pour me détendre et l’oublier, je le vois sur le pont inférieur avec cette fille.
-Je suis désolée.
-Oh, tu n’y es pour rien, soupire-t-elle sur un ton plus bas. Je le déteste tellement.
-Ne dis pas ca. Tu as tout de même partagé de bons moments avec lui.
-Ca ne change rien à ce qu’il est.
Je lui accorde un timide sourire qui ressemble davantage à une grimace avant de me diriger vers la table à nouveau. Jenny semble calmée. Je l’entends respirer dans mon dos, assise sur une couchette. Je m’apprêtes à reprendre ma lettre, lorsqu’elle reprend la parole.
-Denise, ne devrais-tu pas te préparer pour le bal de ce soir?
Je me tourne vers elle et la regarde avec étonnement.
-Je n’y vais pas.
-Le Major Sherwood m’a pourtant dit que vous y alliez ensembles.
-Quand t’as-t-il dit ça? Bredouillais-je en sentant mon cœur se serrer à l’évocation de ce nom que je voulais oublier pour toujours.
-Aujourd’hui, me répond mon amie apparemment aussi étonnée que moi.
-Je ne compte pas aller à ce bal, Jenny. Avec le Major moins que tout autre; dis-je sur un ton sec en me retournant. Il a dû commettre une méprise, je lui ai dis que je n’irais pas.
-Le Major Sherwood ne semble pas être le genre d’homme à commettre une telle méprise. Est-il arrivé quelque chose pour que tu agisse de cette façon?
-Non, rien, dis-je le plus innocemment du monde alors que mon estomac se serra un peu plus.
-Est-ce à voir avec le fait que tu es revenue de ta balade en pleurs?
-Je…je ne pleurais pas, je te l’ai dis, le vent du large m’a irrité les yeux.
-Denise, je t’ai entendu cette nuit. Tu étouffais des pleurs. Je n’ai rien dit parce que je pensais que peut être ca ne me regardait pas.
-Tu as raison, ca ne te regarde pas, murmurais-je sans la regarder.
Elle resta silencieuse un long moment avant que je ne me tourne vers elle. Je ne voulais pas la blesser et je crois l’avoir fait à cet instant. Jenny fixait le sol devant elle.
Alors je me suis levée et je me suis assise sur le lit en face du sien.
-Je ne veux pas parler de moi, Jenny. Tu sais que je ne le veux pas. Mon passé est…mon passé.
-Tu l’élude depuis si longtemps. Aimes-tu tellement ton époux pour te refuser d’en parler après tant de temps? Son accident était-il si tragique pour toi?
-Je ne veux pas en parler.
-Bien sûr que si. Je ne comprends pas que tu agisse de cette manière avec le Major. Je sais que si cela n’avait pas de rapport avec ton passé tu ne réagirais pas de la sorte.
-Tu ne sais rien de moi.
-Je sais que tu es malheureuse et pour une raison que je n’arrive pas à définir, tu te refuse d’être heureuse. Denise j’ai parlé avec le Major aujourd’hui même. Il m’a demandé à plusieurs reprises de tes nouvelles, il s’inquiète pour toi. Je sais que vous vous êtes vu hier et je savais que c’est la raison pour laquelle tu n’as pas voulu sortir aujourd’hui.
-Jenny…
-Attends, me coupe-t-elle, laisse-moi finir. Tu as raison ton passé ne me regarde pas, mais peut être regarde-t-il le Major Sherwood. Car, il semblerait que tu lui en aies parlé. Il n’a rien voulu me dire. Je respecte ton choix de vouloir garder ton secret. Mais s’il te fait du mal, je ne suis pas d’accord. Si tu n’as pas assez confiance en moi pour m’en faire part, je ne t’en voudrais pas. Mais j’ai l’impression que le Major a toute ta confiance. Accorde-lui une chance, je t’en prie. Accorde-toi une chance d’être heureuse.
-Avez-vous parlé si longtemps que cela?
-Presque une heure. C’est à cause de Jack que je suis rentrée. Ecoute, il t’a invité au bal et je pense que tu devrais y aller.
-Je ne pense pas que se soit une bonne idée. Avec ce que je lui ai dis hier il…
Jenny me tendit un morceau de papier qu’elle venait de sortir de sa robe.
- Lis ceci.
Je me saisis du papier et le déplia doucement. Mais mes yeux voyagèrent à toute vitesse sur les lettres penchées.
« Madame, j’aimerai vous présenter mes excuses pour mon attitude à votre égard. Mon invitation pour le bal tient toujours. Je passerai à votre cabine à 6:00. Je comprendrais que vous ne souhaiterez peut être pas me voir, mais j’ai besoin de vous parler. Major Frank Sherwood. »

Lorsque j’eus terminée de lire ces quelques lignes, mon regard alla sur mon amie qui se trouvait toujours face à moi. Elle ne m’avait pas quitté des yeux. Elle le sourit tendrement et reprit la parole.
-Je suis bien trop curieuse, je le sais, je n’aurais pas dû lire.
-Ce n’est rien, dis-je en riant doucement.
-Tu devrais le voir Denise. Il semble tenir à toi autant que tu tiens à lui. Encore une fois, je ne sais pas ce qu’il y a entre vous. Mais je vois qu’il y a quelque chose, dit-elle en me faisant un clin d’œil. Accepte de l’accompagner ne serait-ce que pour entendre ses excuses, c’est toujours agréable d’en avoir, non?
-Si, dis-je en riant. J’ai seulement un peu peur que sa réputation en pâtisse s’il me fréquente.
-Si ça l’inquiéterait, il ne voudrait plus te revoir. Ca n’a pourtant pas l’air d’être le cas. Allez, s’il te plait, pense un peu à moi.
-Mais qu’est-ce que cela à voir avec toi?
-J’adore les belles histoires, d’amour surtout et moi je n’en vivrais sans doute jamais.
-Jenny, il n’est pas question d’amour. Ne vas pas trop vite en besogne, s’il te plait.
-Très bien, ne parlons pas d’amour alors. Parlons d’amitié, un peu particulière. Parce que si tu voyais ses yeux, la manière dont il te dévore littéralement du regard, tu saurais que ce n’est pas que de l’amitié.
-Ca suffit, grondais-je faussement vexée.
-Oui, puisqu’il va être l’heure pour toi de te préparer. J’espère que tu as une belle robe?
-J’en ai emporté une que j’aime beaucoup, dis-je en rougissant.
-Alors allons-y, je me charge de te faire belle pour ton rendez-vous.
-A une seule condition. Que tu en fasses de même. Tu ne devrais par rester ici ce soir.
-Je ne suis pas accompagnée, moi, dit-elle en faisait la moue.
-Tu seras accompagnée par le Major et moi-même jusqu’à la salle de bal, ensuite, je suis certaine que tu trouveras un charmant jeune homme pour passer une agréable soirée.
-Mais Denise…
-C’est non négociable, rétorquais-je sur un ton plus fort pour la couper, si tu ne viens pas, je n’y vais pas non plus.
Elle hésita un instant avant de me sourire largement. Je savais que Jenny accepterait. Sa bonne humeur et sa joie de vivre reprenait toujours le dessus sur ca colère ou sa mauvaise humeur. Elle me sourit tendrement et j’en fis de même. Je ne me sentais pas plus détendue pour autant, car je tenais toujours fermement le mot qu’elle m’avait remit de la part du Major. Je ne savais pas si le fait d’avoir eu un message de sa part était un meilleur présage ou un moins bon. Mais il semblait vouloir me parler. Je suis certaine que se serait pour évoquer « mon crime ». J’espérais qu’il ne se montrerait pas en colère ou outragé. Le fait qu’il demande à me voir et qu’il me fasse ses excuses me semblait être un bon présage. Il ne restait plus qu’à aller à ce rendez-vous et voir ce qu’il arriverait. La situation ne pourrait pas être plus grave, elle ne pourrait en être que meilleure, ou égale. J’avais peut être une chance de m’expliquer et de ne pas le perdre, je ne devais pas la laisser passer. J’avais affirmé que ce n’était pas une histoire d’amour, car je ne croyais plus à l’amour depuis si longtemps. Mais alors qu’était-ce? Pourquoi le fait de devoir dire adieu à cet homme me rendait si mal? Pourquoi son sourire me manquait-il depuis si peu de temps? Pourquoi mon cœur ne faisait que s’accélérer lorsque je sentais ses doigts prendre ma main et lorsque ses lèvres effleuraient ma peau? Je ne croyais plus à l’amour. Mais depuis que je connaissais le Major Sherwood, je croyais à nouveau au bonheur. Il suffisait de savoir s’il était enfin à la portée de ma main ou si, hélas, mon tour était bel et bien passé depuis des années.

à suivre................
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MessageSujet: Re: Le jour où le soleil ne se lèvera plus sur ton sourire - AW   Le jour où le soleil ne se lèvera plus sur ton sourire - AW Icon_minitimeJeu 8 Avr - 13:50

Je suis contente que Denise a accepté l'invitation de Frank !!! gfsdfds

La suite stp !!!
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MessageSujet: Re: Le jour où le soleil ne se lèvera plus sur ton sourire - AW   Le jour où le soleil ne se lèvera plus sur ton sourire - AW Icon_minitimeDim 11 Avr - 20:29

Merci

****************************

20 Avril 1942
Salle de réception
Un paquebot à destination de Southampton
Océan Atlantique


De la musique nous arrive aux oreilles. Nous ne sommes plus très loin du lieu de la fête et pourtant, la tension ne s’est pas atténuée pour autant. Le Major Sherwood est venu frapper à notre porte pile à l’heure. Il avait semblé hésiter une seconde lorsqu’il nous avait vu toutes les deux en robe de soirée, maquillées et coiffées. Car Jenny n’avait pas fait les choses à moitié, je ressemblais à une vraie poupée entre ses mains. Mais le résultat était spectaculaire, il fallait bien l’avouer. Il n’y avait rien de bien compliqué pourtant, une robe rouge sang, un brushing parfait, un peu de noir sur les yeux et du rouge sur les lèvres. Mon amie quant à elle, avait choisit une robe bleue marine aussi sombre que le ciel d’une nuit sans lune. Ses cheveux étaient rassemblés et des boucles blondes tombaient sur son visage d’ange. J’étais certaine qu’elle trouverait un beau soldat avec qui tournoyer sur la piste de danse, aucun homme ne pouvait résister à son sourire et à ses yeux pétillants de malice. Le Major Sherwood avait bien eu du mal à reprendre ses esprits lorsqu’elle lui avait ouvert la porte de la cabine.
Il avait été très flatté de venir au bal avec, à ses bras, deux femmes aussi pouponnées que nous. Et j’en avais été soulagée, retardant ainsi le plus longtemps possible la confrontation qui devait être inévitable.
Nous saluons l’officier qui se trouve à l’entrée de la pièce. Des personnes de tout âge s’y pressent avec joie, les rires résonnent, les conversations vont bon train, tout ceci accompagné par la musique festive qui retentissait un peu plus loin. Il ne se passe pas deux minutes avant que de nombreux jeunes hommes remarquent mon amie qui se trouve au bras du Major. Nous échangeons un bref regard. Et notre cavalier décide de prendre la parole.
-Jenny, je crois que vous faites beaucoup d’effets ce soir.
Je la vois rougir doucement et baisser les yeux mais pour autant, elle ne semble pas vouloir lâcher le bras de notre ami.
-Je souhaiterais lui réserver ma première danse, si vous ne voyez pas d’inconvénient madame, ajoute-t-il en me regardant.
-Bien sûr que non, allez-y, dis-je en souriant ayant parfaitement compris l’intention du Major.
-Mais Denise, murmure Jenny effarée, tu devais passer la soirée avec le Major, pas moi, dit-elle alors qu’il s’était un peu éloigné.
-Ne t’inquiète pas, je compte passer le reste de la soirée avec lui. Il veut juste que tu te sente à l’aise à ce bal. Il t’accorde la première danse, en tout bon cavalier qu’il est. Ensuite, je suis certaine qu’il te laissera t’amuser avec un autre homme. Mais pour l‘instant, il signale à ceux qui te dévorent des yeux qu‘ils ont plutôt intérêt à faire attention à toi s‘ils ne veulent pas avoir affaire à lui.
-Oh, je n’avais pas compris son invitation de cette manière. Je te dirais s’il danse bien, ajouta mon amie en m’adressant un clin d’œil complice avant de suivre le Major vers la piste de danse au centre de la grande pièce.
Je les regarde évoluer sur la piste. De l’endroit où je me tiens, je remarque les regards se poser sur eux et en particulier sur Jenny. Elle trouvera rapidement un cavalier à sa convenance, je n’en doute pas. Même Jack semble avoir délaissé du regard sa « danseuse de cabaret » pour accorder toute son attention sur mon amie. Mais j’ose à peine le plaindre, car s’il tente de s’approcher trop près d’elle, il le regrettera douloureusement.
La chanson prend fin et aussitôt après ils me rejoignent. Sur le chemin, Jenny se fait inviter un nombre incalculable de fois et je n’en reviens pas. Lorsque le Major se trouve à côté de moi, il me tend son bras et un sourire illumine son visage.
-Je suis à vous pour toute la soirée, madame. Je sais que Jenny trouvera un cavalier qui lui conviendra. Mais en temps que gentleman je me devais de l’inviter le premier.
Je me saisis de son bras sans lui répondre, mais en lui adressant un tendre sourire. La tension s’est un peu calmée, moi aussi j’envisage de profiter de cette soirée en sa compagnie.
-C’est un fabuleux danseur, me murmure Jenny au creux de mon oreille, ne le laisse pas partir Denise, il est vraiment bien pour toi.
Mon amie s’ éloigne et trouve aussitôt un jeune homme qui accepte d’entamer une autre danse avec elle. Moi, je me tourne enfin vers l’homme qui se trouve à côté de moi et que j’ose à peine regarder. Mon cœur ne fait que s’accélérer en sa présence et ma gorge se fait plus sèche subitement, mais pourtant, il y a un quelque chose que je ne saurais définir et que j’aime beaucoup. Un sentiment que je n’ai jamais éprouvé autre part qu’à proximité de cet homme. Je le suis doucement dans la pièce. Il salue plusieurs personnes en uniforme, des soldats mais aussi des sous-officiers et quelques officiers. Je croise le regard d’autres infirmières rencontrées à New York, et des autres venues de toutes les villes des Etats-Unis faisait le voyage pour l’Europe elles aussi.
Je sens le souffle de mon cavalier à mon oreille et très vite, il prend la parole à peine plus fort qu’un murmure.
-Dansez-vous le Charleston, madame?
Je ne peux m’empêcher de rire et je me tourne aussitôt vers lui.
-Voyons Major, tout le monde sait le danser. Et j’ai passé une bonne partie de ma vie dans une ville qui porte ce nom. Ce serait un comble que je ne le danse pas.
-Eh bien, dans ce cas, veuillez m’accorder cette danse?
-Major, je crains que ce ne soit pas approprié. Vous souvenez-vous ce que je vous ai dit hier? Vous voir auprès de moi…
Il me coupe en posant son index sur mes lèvres et, dès lors, je ne puis plus quitter son regard.
-Madame, ne parlons pas de cela maintenant. J’aimerai passer une agréable soirée en votre compagnie et j’aimerai que vous vous amusiez. Je tiens à avoir des réponses quant à notre discussion de la veille, mais pour l’heure, venez danser.
-N’avez-vous vous donc pas peur pour votre carrière?
-Je vais partir au combat, affronter des hommes tout aussi entraînés et déterminés que nous le sommes. Je n’ai pas peur pour ma carrière, la vie est beaucoup plus importante qu’une médaille ou un grade.
-Je le conçois, mais je crois que vous allez regretter d’être venu à ce bal avec moi.
-Ce sera à moi d’en décider ne le croyez-vous pas? Dit-il en souriant.
-Si, admis-je de la même manière.
Une seconde plus tard, il se saisit de ma main et m’entraîne vers la piste de danse où tournoient les couples. Nous nous mettons à danser. La chanson rythmée et endiablée se termina deux minutes plus tard, mais nous ne voulions pas nous arrêter. Alors nous dansions encore et encore. Les premières notes de ma chanson préférée se mis à résonner. Tel un hymne national en hommage au bonheur et à la joie de vivre. Le nombre des couples augmenta, car tout le monde connaissait In The Mood de Glenn Miller. Je m’amuse vraiment, comme je ne l’avais plus fait depuis des années. Le Major Sherwood me fait tournoyer dans les airs et me ramène près de lui aussitôt après. J’ai l’impression de n’avoir que vingt ans alors que j’en ais déjà un peu plus du double. Mais je savoure ce moment, comme si j’avais toujours mes vingt ans, ces années qui m’avaient été volée et que j’ai le sentiment de revivre autrement.
Décidément, cette chanson m’a achevé pour de bon. Nous ne nous étions pas arrêtés depuis plusieurs longues minutes et la fatigue se faisait durement sentir. Les dernières notes retentirent et soudain je remarque enfin que je suis essoufflée et en nage. J’ai grand besoin de faire une pause. Le Major Sherwood est du même avis que moi. Nous nous dirigeons vers des tables où se trouvent toutes sortes de choses à manger et à boire. En tout bon gentleman qu’il est, il se propose d’aller me chercher un rafraichissement et je me contente de l’attendre sagement, reprenant ainsi mon souffle sans quitter des yeux Jenny que je surveillais toujours de loin. Il y a foule au buffet, je dois donc prendre mon mal en patience, ayant le sentiment que ces quelques minutes loin de mon cavalier allaient avoir raison de ma bonne humeur. Mais soudain, je vois des fantômes de mon passé. Ils se tiennent là, en face de moi à quelques mètres, sans doute me regardent-ils depuis longtemps déjà sans que je ne le remarque. Je leur adresse un timide signe de la tête auxquels ils ne répondirent même pas. Ces hommes avaient servis avec mon époux décédé. Ils l’avaient toujours admiré et respecté pour tout ce qu’il avait fait au sein de notre armée. Ils savaient le crime que j’ai commis. Sentant le trouble refaire son apparition, je m’apprêtes à m’éloigner, peut être même à quitter la fête. Je ne veux en aucun cas partir sans donner d’explications au Major. Alors je me dirige vers le banquet et lorsque je me trouve à quelques mètres de lui, une main s’empare avec force de mon poignet et j’ai le sentiment de revivre les plus sombres heures de ma vie. Je me retourne pour voir l’homme qui avait arrêté ma course et je croise son regard dur.
-Que faites-vous madame?
-Je rejoins un ami. Et vous Caporal? Que comptez-vous faire?
-Vous empêcher de rejoindre votre ami, dit-il sur un ton froid avec un sourire en biais.
-Lâchez-moi, grommelais-je.
-Ne voulez-vous pas aller faire un tour sur le pont avant madame?
-Pourquoi le ferais-je?
-Nous devons parler.
-Je ne vous dois rien Caporal, maintenant, lâchez-moi, dis-je plus fort en me dégageant de lui.
-Je n’ai pas oublié ce que vous avez fait à notre Commandant. Et je crois que le Général Holden a été un peu trop indulgent avec vous. Les vieilles amitiés ont la vie dure. Peut être est-il temps de faire justice?
-Ecoutez Caporal, dis-je le plus calmement possible, ce qui est arrivé entre mon époux et moi-même ne regarde personne. J’ai été innocenté. Personne ne vous donne le droit de faire justice.
-C’est ce que nous verrons, dit-il en me prenant le poignet et en le serrant avec force, suivez-nous madame.
Je n’aie pas le temps de répondre qu’une main toute aussi puissante que la sienne se pose sur son bras. Les doigts se resserrent sur sa peau et une grimace barre son visage. Il lâche prise presque aussitôt et blêmit. Mes yeux se posent sur celui qui était intervenu. La colère gagne le regard du Major Sherwood qui semble si calme pour autant.
-Cessez d’importuner cette dame Caporal, ordonna-t-il sur un ton sans appel.
-Avec tout le respect que je vous dois, Major, cette femme est une meurtrière.
-C’est ma vie que je mets en danger et non la votre. Est-ce clair?
-Oui, monsieur.
-Je ne veux plus jamais vous voir approcher cette personne ou je vous garantis que vous serez rapidement renvoyé dans vos foyers pour une raison assez humiliante.
-A vos ordres, monsieur.
-Rompez Caporal et emportez vos hommes de mains avec vous, eux non plus je ne veux plus les voir tourner autour de madame Branch, sinon ils auront affaire à moi.
Le Caporal acquiesce et s’éloigne avec les cinq autres hommes, non sans me jeter un regard noir me glaçant jusqu’au sang.
Je sens une main apaisante se poser dans mon dos et je regarde l’homme qui était venu à mon secours.
-Merci, murmurais-je.
-Je vous en prie.
-Je pense qu’il est temps pour moi de rentrer je…
-Non, me coupe le Major, nous devions parler vous vous souvenez? Vous deviez accepter mes excuses.
-Je devais les entendre et non les accepter, répondis-je en souriant tendrement mais non sans parvenir à cacher les tremblements qui m’animent.
-Venez, allons nous balader sur un pont, car, quoiqu’il en soit, je ne souhaite pas vous laisser seule.
-Et je ne souhaite pas rester à la fête. Je n’ai plus trop le cœur à m’amuser.
-Dans ce cas, allons-y, poursuivit-il en me tendant le bras, je crois me souvenir que vous aimiez la vue du pont arrière. C’est un soir de pleine lune si ma mémoire est bonne, nous nous devons d’assister à un tel spectacle.
Je souris et m’empare de son bras pour quitter la pièce. J’y jettes un dernier regard. Jenny semble s’amuser, elle ne remarquera pas que nous sommes déjà partis et même si c’est le cas, je sais qu’elle se gardera bien de nous chercher. Et moi, j’ai très envie de regarder la lune sur le pont arrière auprès de mon beau Major.



à suivre.................
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MessageSujet: Re: Le jour où le soleil ne se lèvera plus sur ton sourire - AW   Le jour où le soleil ne se lèvera plus sur ton sourire - AW Icon_minitimeLun 12 Avr - 14:20

Heureusement que Frank est intervenu !!! Very Happy

J'aime toujours autant !!! chaton Vivement la suite !!! Very Happy
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MessageSujet: Re: Le jour où le soleil ne se lèvera plus sur ton sourire - AW   Le jour où le soleil ne se lèvera plus sur ton sourire - AW Icon_minitimeMer 14 Avr - 9:58

merci

21 Avril 1942
Sur le pont arrière
Un paquebot à destination de Southampton
Océan Atlantique

La nuit était claire. Les guirlandes lumineuses dansaient doucement au souffle du vent venant du large. Nous quittons la fête mais nous croisons encore beaucoup de couples, d’amis et de camarades sur notre chemin. Nous empruntons plusieurs couloirs, deux ou trois escaliers et nous arrivons enfin sur le pont arrière du paquebot. Notre trajet s’est fait dans un silence quasi absolu. Les évènements survenus un peu plus tôt dans la soirée, il y a de cela à peine quelques minutes, restent parfaitement présents à mon esprit. Je ne peux plus faire marche arrière à présent, avec ce qu’il s’est passé, je me dois de m’expliquer avec le Major. Je me trouve ballotée entre l’envie de tout lui dire, pour que les choses soient claires entre nous, et aussi parce qu’en dehors de mes amis les plus proches ayant vécus avec moi sur la base, je n’ai jamais dis à personne ce qu’il s’est réellement passé le soir où mon époux a perdu la vie. D’un autre côté, je ne souhaite pas que le Major Sherwood sache ce qu’ils s’est passé, car j’ai beaucoup trop peur de le perdre à cause de mes actes. Peut être me comprendra-t-il, mais peut être n’en fera-t-il rien. Et s’il décidait de ne plus jamais me revoir, je crois que j’aurais du mal à m’en remettre dans un premier temps, même si, je dois l’avouer, je le comprendrais parfaitement.
Je lève les yeux vers le ciel étoilé. Il y a peu de monde sur ce pont et j’en suis ravie. Aucune discussion que nous puissions entendre, à peine de quoi éclairer nos pas, comme si nous nous trouvions dans une bulle au sein même d’une fourmilière en pleine effervescence. Cela fait bien longtemps que je n’ai plus regardé le ciel comme ce soir, j’avais oublié à quel point il était magnifique. Voir la pleine lune se refléter sur l’océan qui s’étant à perte de vue est un spectacle fabuleux.
Je pose mes mais sur la rambarde en bois sans quitter des yeux le manteau de velours parés de ses plus beaux diamants.
-La nuit est douce ce soir, murmure l’homme qui se trouve à côté de moi.
-Oui, admis-je à peine plus fort qu’un murmure.
Nous restons silencieux tous les deux, ne sachant vraiment comment entamer cette conversation. Mais le Major finit par prendre la parole.
-J’aimerai vous faire mes excuses pour la réaction que j’ai eu à votre égard madame. Je n’aurais pas dû réagir de la sorte lorsque vous m’avez avoué que vous étiez cette épouse qui vivait dans la maison que j’ai occupée à Fort Marshall.
Le Major ne semblait pas avoir l’habitude d’utiliser des détours pour arriver au but. Je ne l’étais pas moi-même. Je me tourne vers lui et lui souris tendrement.
-C’est à moi de m’excuser. Vous vous comportez comme il se doit avec moi, depuis notre rencontre, dois-je ajouter. Peut être aurais-je dû vous en parler depuis longtemps.
-C’est un secret difficile à révéler.
-Ce n’est un secret pour personne à Fort Marshall, ajoutais-je en souriant timidement.
Il ne réponds pas tout de suite et fuit mon regard pour le poser aussi loin que l’obscurité le lui permet. Je me tourne vers l’océan moi aussi, sentant cette boule dans mon estomac se faire plus lourde.
-Avez-vous assez confiance en moi pour me dire ce qui s’est réellement passé? Murmure le Major sans me regarder pour autant.
-J’ai confiance en vous, mais je ne suis pas certaine de pouvoir vous dire ce qu’il s’est passé ce soir là.
-Pourquoi? Dit-il en me regardant à nouveau.
-Parce que, je ne veux pas vous perdre Major, murmurais-je en baissant les yeux sur mes mains.
Je le vois approcher doucement. Une de ses mains puissante se glisse sur la mienne et il resserre doucement ses doigts sur ma peau.
-Vous le ferez si vous ne me dites pas ce qui vous est arrivé. Je suis encore là madame, vous avez la preuve que je tiens à entendre ce que vous avez à me dire.
-Pourquoi? Dis-je en plongeant mon regard dans le sien. Pourquoi insister?
-Parce que je tiens beaucoup trop à vous pour ne pas le faire.
Je lui souris tendrement et baisse les yeux devant le regard qu’il m’accorde. Je respire profondément. Il doit savoir, je lui dois la vérité. Mes doigts se resserrent instinctivement aux siens mais pour autant je ne peux pas le regarder. Je puise toute la force qui se trouve en moi, tentant en vain de faire fi des tremblements qui m’animent. L’homme à côté de moi ne bouge pas, il ne dit rien, il se contente d’attendre que je prenne la parole, sans me brusquer, sans s’éloigner.
-Je me suis marié très jeune, commençais-je, Patrick mon époux était plus âgé que moi de trois années. Nous étions mariés depuis un peu plus d’un an avant qu’il ne soit envoyé au front en Europe, dans les tranchées. Lorsqu’il est revenu, il n’était plus l’homme attentionné que j’avais vu partir. Il a très vite changé, il est devenu possessif, et il ne se séparait que très rarement d’une bouteille d’alcool. Il est devenu violent, avec moi seulement. Car, en public il était toujours parfait, mais entre nous, les choses avaient bien changées.
Je fis une pause pour tenter de ne pas replonger la tête baissée dans ces heures si douloureuses. Les larmes font leurs apparitions alors que je m’efforce de les retenir. Un frisson parcourt tout mon corps, j’ai si froid d’un coup. Je sens la main du Major quitter la mienne et je ferme les yeux, ne pouvant pas le regarder. Quand soudain, je sens ses doigts effleurer mes épaules. J’ouvre les yeux à nouveau et croise son regard si doux et si attentionné. Il me sourit tendrement tout en posant délicatement sa veste sur mes épaules. J’acquiesce pour le remercier et une seconde après, il s’empare de ma main à nouveau.
-Que vous a-t-il fait? Demande-t-il doucement.
-Du mal, tellement de mal.
-A-t-il porté la main sur vous?
-Oui, un nombre incalculable de fois, répondis-je en regardant l’océan à nouveau, il m’a aussi beaucoup humilié, et ceci pendant des années. Le soir où il, où il est décédé, il avait apprit qu’il serait envoyé à Pearl Harbor. Nous n’étions pas encore entrés en guerre à l’époque mais il a très mal prit cette nouvelle. Car elle venait de mes amis, afin de l’éloigner de moi. Patrick l’a compris. Il ne voulait pas me laisser seule à Charleston, il voulait qu’on s’en aille, dans une ville où personne ne nous trouverait.
Je fis une autre pause et je respirais profondément l’eau de toilette du Major qui embaumait sa veste. Il s’approcha un peu plus de moi et ses doigts effleurèrent mes joues pour y essuyer les traces humides qui y avaient coulées.
-Madame, que s’est-il passé?
-Je…je l’ai tué, dis-je dans un soupire. Il avait compris que je ne le suivrais jamais. Et ce soir là, il a su qu’il n’y avait qu’un seul endroit où il pourrait partir avec moi. Il m’a battu, il m’a menacé avec un couteau et quand, quand il l’a pointé vers moi, je me suis débattue. J’en ai saisit un autre et…
Je ne pouvais pas terminer ma phrase que les larmes coulaient en cascade sur ma peau. J’étais secouée de sanglots interminables et incontrôlables. Des mains se glissent dans mon dos et m’attirent contre un torse puissant. Je ne veux pas lutter, je ne le peux pas. Le Major resserre son étreinte et je me blottis contre lui sans faire attention de l’endroit où nous nous trouvons ni même de la personne qui me sert contre elle.
-Je l’ai poignardé, ajoutais-je dans un souffle avant de ne plus pouvoir prononcer un mot.
Le Major ne s’éloigne pas de moi, bien au contraire, je sens son étreinte encore plus chaleureuse qu’auparavant. Je l’entends me murmurer de douces paroles au creux de mon oreille, mais je ne les distingue pas. Je sens une main se glisser dans mes cheveux, je le sens me bercer doucement. Le temps semble s’être arrêté, je me sens si bien. Jamais je n’aurais pensé que révéler ce secret me ferais autant de bien. Peut être le Major le savait-il, voilà pourquoi il m’avait poussé à aller jusqu’au bout de mon récit. Il avait vu que j’avais hésité à tout lui dire, il avait remarqué à quel point j’étais affecté, mais pourtant, il m’avait poussé à continuer, me signalant par sa présence qu’il était là, auprès de moi. Je comprenais enfin que je n’avais pas fait d’erreur, j’ai eu raison de lui parler, car il n’est pas parti.
Je me calme doucement dans ses bras, envahie par une chaleur indéfinissable mais si agréable. Je consens enfin à relever le visage et à me séparer de ces bras protecteurs. Je croise son regard et j’essuie une dernière fois mes joues.
-Vous allez mieux madame? Me murmure-t-il du bout des lèvres.
-Oui, acquiesçais-je, mais ne me dites plus «  Madame », appelez-moi Denise je vous prie Major.
-Seulement si vous laissez tomber le « Major » pour Frank, ajout-il en souriant.
Je lui souris en retour, lui signifiant par là que j’accepte son offre et je finis par briser tout contact avec lui. Mes yeux se reposent sur la voie lactée. J’ai grand besoin de reprendre mes esprits. Frank tente aussi de se remettre de la nouvelle que je viens de lui annoncer. Il ne me quitte pas des yeux, je peux le voir du coin de l’œil.
-Denise, dit-il alors que je me tourne vers lui, je suis navré de ce qui vous est arrivé.
-Vous n’y êtes pour rien, le passé est le passé. Je le regrettes beaucoup, mais je ne peux le changer.
-Malheureusement, personne ne le peut. Si j’avais ce pouvoir, je l’aurais fait pour vous.
-Si vous l’aviez fait, je ne serais pas avec vous ici ce soir, dis-je en souriant.
Il fit une grimace en reposant son regard au loin.
-Eh bien, j’en aurais changé une partie du moins.
-Tout le monde regrettes une part de son passé, Frank. Laquelle regrettez-vous?
Il me lance un bref regard et se mord un instant les lèvres avant de respirer profondément comme je l’ai fait quelques minutes plus tôt.
-Je changerais ce qu’il s’est passé il y a huit ans. J’y ai perdu des êtres chers.
-Qui étaient-il? Me permettais-je de demander en espérant qu’il veuille bien me répondre.
-Ma fille et mon épouse, murmura-t-il en croisant mon regard.
-Que s’est-il passé?
-Mon épouse est décédée en mettant au monde notre enfant et celle-ci n’a vécue que quelques jours, elle s’appelait Sarah.
-Je suis navré, Frank, dis-je avec sincérité m’imaginant que si j’avais dû perdre un enfant je ne m’en serais peut être jamais remise.
-Vous n’y êtes pour rien et je ne serais pas avec vous ici ce soir si je ne les avaient pas perdus. Je suis entré dans l’armée quelques mois plus tard, me jurant de ne plus m’attacher à personne, mais profitant de la vie chaque jour.
-Je comprends mieux vos réactions à présent.
-Je n’avais pas envisagé notre rencontre, Denise.
-Cela change votre vision de la vie?
-Oui, en tout point. Vous m’êtes devenue bien trop importante pour que je renonce à apprendre à vous connaître.
-Votre promesse de ne plus vous attacher à personne?
-Hélas, je crains qu’elle n’aie volée en éclats le jour où j’ai croisé votre regard pour la première fois.
Je lui souris timidement en sentant le rouge me monter aux joues. Heureusement qu’il fait nuit, il ne le remarquera peut être pas. Il m’accorde un tendre regard accompagné d’un charmant sourire avant de regarder les étoiles. Nous restons silencieux de longues minutes, savourant ce moment tous les deux. Je n’ai pas besoin de lui parler pour me sentir bien auprès de lui, sa présence me suffit à être sereine.
Après quelques temps, sa main s’empare de la mienne à nouveau et je tourne la tête vers lui.
-Je crois me souvenir que vous me devez une danse, murmura-t-il.
-Il n’y a pas de musique, Frank, dis-je en riant.
-Croyez-vous que cela va m’empêcher de danser avec vous?
-Je sais que vous êtes un homme plutôt têtu.
Il rit à ma remarque et s’approche doucement de moi. Son autre main se pose sur ma taille et je place la mienne sur son épaule.
-M’accordez-vous cette danse madame?
-Avec plaisir Major.
Nous nous sourions et nous mettons à danser doucement. Nos regards ne se quittent pas un seul instant. Je n’arrive pas à détacher mes yeux des siens où brille une étincelle. Plus rien ne compte autour de nous. Le lien particulier qui nous unis semble plus fort que tout. La fatigue et la tristesse se sont évaporées comme neige au soleil. La sérénité a gagnée mon cœur et la chaleur du sourire de Frank a envahi mon corps tout entier. Sa main se trouvant dans mon dos semble y laisser une agréable petite brûlure. Bien loin des brûlures des coups que me donnait Patrick. La cicatrice qui se trouve au milieu de mon dos ne partira jamais, mais les sensations de brûlures sur mon corps tout entier, n’est plus qu’un lointain souvenir. Elles se trouvent remplacées par le délicat touché des mains de Frank. Je ne sais pas si un jour j’aurais le bonheur de les connaître sur chaque passerelle de mon corps, ni même si j’aurais la chance de connaître la douceur d’un de ses baisers. Mais pour l’heure, je savoure cette danse. Cette danse que nous exécutons sur le pont quasi désert d’un navire nous rapprochant à chaque seconde de la guerre. Cette danse qui se passe sur une musique imaginaire, une musique que nous seuls sommes en mesure d’entendre. Mais la plus douce et la plus belle des musiques.


à suivre...............
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